Transformer la division ministérielle du Service de transport maritime en société d’État facilitera l’établissement de partenariats et l’assainissement de ses finances sans nuire aux collectivités, assure le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. « En passant à un tel modèle de gouvernance, le Service de transport maritime (STM) pourra prendre les mesures qui s’imposent pour augmenter ses revenus, tout en s’efforçant de réduire ses dépenses et en s’assurant que chaque dollar d’argent public dépensé répond aux besoins des résidents et des collectivités », avance le ministre de l’Infrastructure des TNO, Vince McKay, de qui relève actuellement le STM.
Le GTNO annonçait le 17 avril dernier son intention de procéder à cette transformation suite à une étude de la firme-conseil KMPG, où plusieurs modèles (statuquo, privatisation, etc.) ont été examinés. On cite Marine Atlantique, BC Ferries et la Société de transport d’Owen Sound comme exemples de sociétés d’État opérant dans le transport maritime, mais BC Ferries a été privatisée en 2003. Dans son communiqué, le GTNO affirme que ce sera fait en date du 1er avril 2027. Mais il faut encore qu’un projet de loi en ce sens soit rédigé et approuvé.
Un long processus
S’il s’agit en apparence d’une simple opération administrative, la création d’une nouvelle société d’État s’avèrera dans les faits quelque chose de complexe et long, de l’aveu même du GTNO, « une transition […] particulièrement lourde sur le plan administratif », qui comprendra, outre la rédaction et l’approbation d’une loi, l’organisation des processus juridiques pour assurer le transfert des actifs, l’élaboration de politiques, la planification des activités d’exploitation et l’établissement des qualifications requises pour adhérer au conseil d’administration. Des consultations publiques auront lieu au fur et à mesure de l’évolution du projet, y compris avec les gouvernements autochtones et dans les collectivités du Mackenzie où la STM livre carburant et biens.
Le GTNO n’a pas été capable de préciser à Médias ténois la valeur des actifs du STM, qui comprennent notamment huit remorqueurs, un chantier et un terminal maritimes et des bureaux à Hay River. Un inventaire est actuellement en cours. Le STM compte huit employés, le reste du travail étant sous-contracté.
Le GTNO a racheté la compagnie de transport maritime en 2017, alors qu’elle était en faillite.
Le rôle de base et le mandat du STM sont le ravitaillement […] et ça continuera d’être la priorité.

Le synchrolift et ses mécanismes, utilisés pour amarrer et désamarrer les navires.
Vers des partenariats
« Le rôle de base et le mandat du STM sont le ravitaillement […] et ça continuera d’être la priorité », affirme Tracy St. Denis, sous-ministre intérimaire au ministère de l’Infrastructure. Cependant, explique-t-elle, devenir une société d’État lui procurera une souplesse dans des partenariats avec le secteur privé ou des entités fédérales comme Transports Canada ou la Garde côtière canadienne, tout en conservant de l’imputabilité. « C’est dans une perspective commerciale », précise Mme St. Denis, tout en se refusant à élaborer.
« Le client reste numéro 1, assure-t-elle. En fait, le gouvernement est le plus gros client parce que le STM ravitaille en carburant un grand nombre de collectivités. »
Le député de Range Lake, Kieron Testart, approuve la direction choisie par le gouvernement ténois. « C’est le bon modèle pour maintenant. Il faudra voir comment ça sera dirigé et ce que permettront les conditions du marché. Mais une chose est certaine, le vieux modèle de division gouvernementale était complètement inapproprié pour les affaires […] et devait changer. J’ai toujours plaidé pour ça et je suis content que ça arrive. »
Consultations
Selon l’analyse de M. Testart, la privatisation n’était pas une option valable, étant donné la mission de fournir les collectivités, et le modèle de division est également mauvais. « Avoir le GTNO faisant des affaires dans le domaine du transport maritime et compétitionnant avec le privé ouvre la porte à plusieurs problèmes de responsabilité […] parce que ça accorde des avantages inéquitables au gouvernement, avance le député. Une société d’État, tu peux la subventionner, lui donner une direction, mais elle dirige ses propres opérations. »
Le député de Range Lake anticipe que les consultations seront plus ou moins une formalité. « C’est une décision d’affaires, résume-t-il. Je parle de ce sujet depuis longtemps avec des gens. Leur préoccupation est que cette affaire [le STM] n’est pas bien dirigée et qu’ils veulent la voir avoir du succès. C’est une occasion de placer aux commandes des gens qui ont des connaissances dans le transport et de la diriger comme une affaire. »
Pour M. Testart, il faut prioriser les petites communautés en « mettant les bonnes personnes aux bonnes places, dit-il. J’ai confiance que ce sera fait. »
Un nouveau directeur
Terry Camsell a récemment été nommé directeur du STM. « Il possède des décennies d’expérience dans le secteur maritime, précise la sous-ministre St. Denis. Nous sommes très excités de l’avoir. Il a navigué sur le fleuve, il a livré du carburant dans le Haut-Arctique. Et il est né et élevé à Hay River. […] Je pense que son expérience maritime nous place dans une bonne position pour cette saison et pour aller de l’avant. »