le Mercredi 23 juillet 2025
le Mardi 22 juillet 2025 16:04 Économie

Du nucléaire albertain pour électrifier les TNO ?

Le public peut commenter le projet de centrale nucléaire de Rivière-la-Paix jusqu’au 23 juillet 2025.  — Courtoisie
Le public peut commenter le projet de centrale nucléaire de Rivière-la-Paix jusqu’au 23 juillet 2025.
Courtoisie
Par-delà l’aspect environnemental, le projet de centrale nucléaire de Rivière-la-Paix suscite un double questionnement : la pertinence de ce type d’énergie aux TNO et la connexion de celui-ci au réseau électrique continental.
Du nucléaire albertain pour électrifier les TNO ?
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Dépasser les frontières de l’Alberta est dans les plans du promoteur de la centrale de 4 800 mégawatts, Energy Alberta, qui affirme que son projet de centrale nucléaire peut être un pilier pour l’Ouest canadien, « apportant une plus grande sécurité énergétique interprovinciale ». Ali Hounsell, responsable des communications et des affaires publiques de la compagnie, a indiqué vouloir explorer « ces opportunités avec les parties prenantes et les juridictions lorsque le projet aura progressé et que les circonstances seront appropriées ».

Connexion continentale

Pour le député de Range Lake, Kieron Testart, la connexion électrique des TNO à l’Amérique du Nord est une nécessité, et le nucléaire peut être une option énergétique viable, très préférable au diésel. « Nous avons besoin d’une ligne de transmission, allègue M. Testart. Nous ne sommes pas connectés au réseau continental, ce qui est une autre source de défis, et c’est là qu’on devrait investir. Et nous devrions faire des partenariats avec d’autres juridictions et avec le secteur privé. »

D’après le député, un partenariat en ce sens avec une firme bien nantie comme Naka, qui appartient à ATCO et à Denendeh Investments Incorporated, serait facilement réalisable. 

Mosaïque électrique

Il n’existe pas à l’heure actuelle de réseau électrique unifié aux TNO, mais plutôt 27 réseaux distincts. L’agrandissement de la centrale de Talston doit permettre de les unifier et de faciliter le développement du secteur des ressources, dont celui des minerais dans la province de l’Esclave. « Talston ne peut être tout, commente Kieron Testart. Ça ne peut pas être un levier économique pour les mines, une source de chauffage électrique à bas prix et tout le reste. »Il n’y a pas assez d’énergie et il n’y aura pas assez [même avec l’agrandissement]. J’aimerais mieux nous voir développer nos ressources, mais nous avons besoin de ce lien au réseau continental. » Il donne comme exemple le Yukon, qui a récemment signé une entente avec la Colombie-Britannique pour y raccorder son réseau. « Si une centrale nucléaire comme celle du projet de Peace River se réalise, nous devons avoir accès à cette énergie », souhaite le député.

La porte-parole du ministère des Infrastructures du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest précise que le GTNO suit le développement du projet nucléaire albertain. « Une connexion au réseau de l’Alberta ou de la Saskatchewan fait partie d’une vision à long terme pour les TNO », précise-t-elle, ajoutant que le gouvernement « s’est engagé à explorer de nouvelles technologies pour supporter le développement dans le Nord d’un système énergétique sécuritaire, abordable et durable ». 

Le nucléaire pour le Nord

Le député de Range Lake croit que les projets nucléaires à petite échelle ont beaucoup de potentiel pour les régions rurales et éloignées, particulièrement en Arctique, qui sont en déficit d’énergie propre et abordable.

Certaines personnes ont à l’esprit Tchernobyl et Three Mile Island et craignent les débordements des guerres actuelles, concède-t-il, soulignant toutefois que l’Ontario opère sans problème des centrales nucléaires depuis des décennies. « La technologie nucléaire a beaucoup progressé. […] Nous devons arrêter d’en avoir peur », dit M. Testart, ajoutant que les petits réacteurs modulaires pourraient être une option.

À l’Assemblée législative, le 27 février 2024, le député avait interrogé la ministre responsable de l’Infrastructure stratégique, de l’énergie et des chaines d’approvisionnement, Caroline Wawzonek, sur la pertinence du nucléaire : « Les Territoires du Nord-Ouest et les communautés pourraient vouloir aller dans la direction du nucléaire […] s’il s’avère sécuritaire, avait répondu la ministre. C’est certainement une discussion que nous devrions avoir publiquement avec les régions, avec les gouvernements autochtones et ceux des communautés. »

Quel échéancier ?

Le public peut commenter le projet de centrale nucléaire de Rivière-la-Paix jusqu’au 23 juillet 2025. L’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) et la Commission canadienne de sureté nucléaire (CCSN) transmettront ces commentaires à Energy Alberta, qui devrait présenter son étude d’impact d’ici un à deux ans. Le projet sera ensuite examiné par une commission d’examen indépendante. Elle sera formée, détaille une porte-parole de l’AEIC, « de personnes ayant des connaissances et de l’expérience à propos du projet et de ses répercussions. Ces personnes doivent être impartiales et ne pas être en conflit d’intérêts, et au moins une personne doit faire partie de la liste de la Commission canadienne de sureté nucléaire ».

La commission formulera ses recommandations après la tenue d’une audience publique

Selon une porte-parole de l’Agence canadienne de l’eau, le Conseil de bassin du fleuve Mackenzie n’a pas encore discuté du projet de centrale et il n’est pas à l’ordre du jour.