le Lundi 28 juillet 2025
le Lundi 28 juillet 2025 8:06 Économie

Des microréacteurs, une option pour les TNO

La vice-première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Wawzonek, affirme que son gouvernement veille à participer aux discussions sur le développement et la règlementation des petits réacteurs modulaires.  — Photo Cristiano Pereira
La vice-première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Wawzonek, affirme que son gouvernement veille à participer aux discussions sur le développement et la règlementation des petits réacteurs modulaires.
Photo Cristiano Pereira
Alors que les discussions sur le projet de centrale nucléaire de Rivière-la-Paix se poursuivent, la vice-première ministre Caroline Wawzonek pense que des microréacteurs pourraient constituer la solution aux problèmes énergétiques des TNO.
Des microréacteurs, une option pour les TNO
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« Nos capacités de production et de transmission sont tellement limitées », affirme sans détour Mme Wawzonek, ministre des Finances et de l’Infrastructure stratégique, de l’Énergie et des Chaines d’approvisionnement, au sujet du projet de centrale nucléaire albertain. « Nous avons deux microréseaux hydroélectriques déconnectés qui utilisent le diésel, des mines de diamants qui sont actuellement notre épine dorsale, toutes sur le diésel, hormis un peu d’éolien et de solaire. »

La réouverture prévue de la mine de Pine Point utilisera l’énergie supplémentaire produite par la centrale de Talston, estime Mme Wawzonek. Il ne restera rien pour d’autres développements miniers ou industriels, notamment pour réaliser l’installation de centres de données sur des territoires autochtones. « L’énergie devient une barrière. Nous devons trouver une solution. »

Je pense que ça pourrait très bien coïncider avec [le développement de] l’autoroute de la vallée du Mackenzie, le Corridor de sécurité arctique, la Province géologique de l’Esclave. 

— Caroline Wawzonek, ministre responsable de l’infrastructure stratégique, de l’énergie et des chaines d’approvisionnement.

Le micro réacteur Evinci, de Westinghouse, actuellement expérimenté par le Conseil de la recherche de la Saskatchewan.

Courtoisie

Une solution en phase de développement

Cette solution, ce pourrait être les petits réacteurs modulaires (PRM), aussi appelés microréacteurs, une technologie encore en phase de développement. Le Conseil de la recherche de la Saskatchewan est un leadeur de la recherche dans ce domaine ; des projets sont en cours en Ontario et au Nouveau-Brunswick.

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest est en contact avec des protagonistes de ce créneau et demeure aux aguets de l’évolution des microréacteurs. « Je pense que ça pourrait très bien coïncider avec [le développement de] l’autoroute de la vallée du Mackenzie, le Corridor de sécurité arctique, la Province géologique de l’Esclave. »

Le fédéral doit règlementer l’usage des petits réacteurs modulaires. Caroline Wawzonek veut s’assurer que les TNO soient inclus dans le processus afin que celui-ci soit aussi valable pour le Nord que pour le Sud. Elle souhaite aussi que des projets pilotes puissent se dérouler dans le Nord afin de s’assurer que la technologie y soit adaptée.

Vers un consensus ?

Questionnée en mai 2024 à l’Assemblée législative sur la pertinence du nucléaire aux TNO par le député de Range Lake, Kieron Testart, Mme Wawzonek avait répondu que le sujet devait être discuté publiquement avec les régions, les gouvernements autochtones et ceux des communautés. Elle n’a pas répondu aux interrogations de Médias Ténois sur l’agenda de cette discussion, précisant simplement que les gouvernements autochtones, particulièrement les Tlichos, observent attentivement l’évolution des PRM.

Selon la taille, l’emplacement et d’autres facteurs, leurs prix varient entre quelques centaines de millions de dollars et quelques milliards. Les prix devraient baisser avec le développement de la chaine d’approvisionnement, selon Ressources naturelles Canada.

La connexion continentale

La ministre réaffirme la volonté du GTNO de se brancher à long terme au réseau hydroélectrique continental par l’Alberta. Mais ce n’est pas la panacée que d’aucuns croient, insiste Mme Wawzonek, et le GTNO ne sera pas un client d’Energy Alberta, le promoteur du projet de centrale nucléaire de Rivière-la-Paix, en Alberta. « Nous n’allons pas être dans le marché pour des projets de cette dimension […] mais pour des choses de microdimensions, de l’ordre de cinq à 20 mégawatts. […] Pas d’investissements de milliards de dollars, même s’ils seront significatifs. »

Il faudrait, estime-t-elle, compter entre 2 M$ et 4 M$ par kilomètre pour une ligne de transmission réseautant l’Alberta à Fort Enterprise. « Et j’aurais encore besoin de Talston pour connecter le Nord et le Sud, il faudrait encore se connecter à Fort Simpson pour la mine de Norzinc, et [plus au Nord] pour l’autoroute. Il faut garder un œil sur la différence de cout et se connecter à l’Alberta ou à la Saskatchewan. Ça fait toujours partie de la vision de Talston. On a besoin de se connecter ici, ensuite, on pourra s’inquiéter de connecter les cellules. »

Trouver l’intérêt des TNO

L’Agence d’évaluation d’impact annonçait récemment la mise sur pied d’une commission d’examen indépendante pour évaluer le projet de centrale nucléaire de Rivière-la-Paix. Le GTNO ne siègera pas sur cette commission, a fait savoir un porte-parole du ministère des Infrastructures. « Nous révisons actuellement le projet pour déterminer s’il y a un intérêt ou une préoccupation pour les TNO », explique-t-il.

Le GTNO discute du projet avec le gouvernement de l’Alberta dans le cadre des ententes transfrontalières du bassin versant du Mackenzie. Le sujet sera abordé lors de la prochaine réunion du Comité directeur autochtone de la Stratégie de gestion des eaux des TNO.