Les dernières statistiques rendues publiques par Statistique Canada nous démontrent encore une fois la nature complexe de l’identité canadienne, notamment au Québec.
Il y a près de trois ans, lors du référendum québécois sur l’indépendance, un peu moins de la moitié des votants s’exprimait en faveur de l’indépendance du Québec. Cette dernière vague du mouvement nationaliste ne faisait qu’accentuer la vision du Canadien moyen à l’effet que tous les Québécois ne voulaient rien savoir du reste du Canada.
Durant la campagne référendaire et à la suite des résultats, on me posait régulièrement la même question: pourquoi les Québécois veulent-ils se séparer du Canada? Malgré qu’une majorité ait décidé de demeurer à l’intérieur du pays, personne ne me demandait pourquoi les Québécois veulent-ils demeurer au sein du Canada?
Les résultats du recensement 1996 étonneront peut-être plusieurs Canadiens: il y a une proportion beaucoup plus importante de citoyens québécois qui s’identifient comme « Canadien » que partout ailleurs au pays. Dans les régions canadiennes à l’ouest de l’Outaouais, la proportion de gens qui s’identifient comme Canadien n’est que de 9 à 13 pour cent alors qu’au Québec, cette proportion est de 39 pour cent.
Un an après le référendum (à la date du recensement), le Québec surgit soudain comme le bastion de l’identité canadienne.
Cela nous rappelle le raisonnement voulant que sans le Québec, il n’y aurait ni identité ni culture canadienne originale; le Canada n’étant plus qu’une version un peu différente de son voisin américain.
Ce n’est sans doute pas le cas, mais les derniers résultats du recensement 1996 devraient inciter les Canadiens à effectuer un examen de conscience face à leur identité. Il est paradoxal que le fardeau de l’identité canadienne repose sur le Québec dont la place au sein du Canada n’est toujours pas fixée.