Oui, je dis bien dans un drôle de monde, qui, Dieu merci, à l’occasion est un monde drôle. Ce qui m’a vraiment sursauter cette semaine, comme bien d’autres, j’imagine, c’est ce petit garçon de six ans qui tue sa petite amie. Horreur! Ce n’est pas ce petit garçon qui est une horreur. Il ne sait même pas la différence entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux. Il ne sais pas vraiment que sa petite amie ne sera plus jamais vivante. Trop jeune le petit pour réaliser la gravité de son geste irréversible. Bien sûr, les cheveux nous dressent sur la tête d’imaginer tant de colère chez un si petit être! Bien sûr, il faut trouver des coupables et les parents sont la cible parfaite. Pas si innocent que ça, les parents, mais quand même pas coupables! Si on condamnait la coupable, la grande coupable, il ne resterait plus grand-chose aux États-Unis. La grande coupable, c’est la société tout entière. La société qui permet tant de choses douteuses, comme les émissions hyper-violentes diffusées aux heures de grande écoute. Qui permet des jeux de guerre où les gens se tirent dessus avec des bonbonnes de peinture : le jeu de la guerre. Qui permet que n’importe qui ou à peu près ait le droit d’avoir des armes. Qui permet des jeux électroniques si violents que c’est à mourir de peur (et après tout, on tue, on tue, mais il y a toujours plus et encore à tuer). Une société où la grande valeur mise de l’avant est l’argent, l’argent et l’argent. Une société qui ne sait plus quoi inventer pour produire cet argent. Jusqu’où ne va-t-on pas? Vous avez sans doute entendu parler de l’émission faite récemment « Qui veut épouser un multi-millionnaire? » On fait dans ce qu’on appelle le «Real TV ».

Présentement, sur une île perdue du Moyen-Orient, une vingtaine de personnes vivent isolées, et tentent de survivre par leurs propres moyens. Ces personnes se font éliminer par les autres (dépendant de leur comportement, de leur façon de trouver des trucs pour la survie, etc.) au rythme de une personne par semaine. La personne qui restera sur l’île la dernière sera la grande gagnante de 1 million de dollars. Une des personnes éliminées s’est suicidée, incapable de prendre le verdict. Et tout ça est télévisé 24 heures sur 24. C’est ce qu’on appelle du « Real TV ». Vous ne trouvez pas ça tordu sur les bords, vous autres? Moi, je n’en reviens tout simplement pas. Pas étonnant qu’une telle société produise des fruits pourris. Pas étonnant, mais triste, vraiment triste. L’histoire de cet enfant, cette semaine, c’est un choc. Et malgré toute l’horreur, cet enfant n’est pas vraiment coupable. Et ses parents non plus. La dégénérescence de la société a préparé le terrain. L’enfant ne s’est pas rendu compte qu’il en était la grande victime. Deux petits enfants, en fait ont été les grandes victimes cette semaine.