Voici un petit éditorial qui poursuit la réflexion de la semaine dernière sur les principes de neutralité journalistique. Un écueil important jalonant le chemin des journalistes d’enquête concerne la validité des sources. Ainsi, lorsque notre journaliste a commencé sa recherche sur les habitudes des grandes institutions quant au recyclage (reportage qui paraîtra la semaine prochaine), les relationnistes rejoint ont énoncé une série de lignes directrices qui circulaient dans leurs organisations.

Il serait facile d’arrêter là la recherche et d’indiquer que tel ou tel Ministère effectue son recyclage d’une façon ou d’une autre. Il faut cependant pousser plus loin.

Si on nous dit que chacun des bureaux d’un tel ministère comporte son dépôt de matériel recyclable, il faut au moins se rendre dans quelques bureaux pour vérifier l’exactitude de cet énoncé.

La raison de cette démarche de confirmation des sources ne repose pas sur une prémisse selon laquelle tous ces relationnistes sont des menteurs. C’est plutôt, par expérience, parce que ces gens trouvent souvent plus facile de simplement retrouver le bout de papier sur lequel sont inscrits les grands principes de recyclage. Il faut donc départager la fiction administrative de la réalité. Cela soulève aussi la délicate question des mécanismes organisationnels de contrôle de l’application des politiques. Rien ne sert d’avoir une excellente politique et des lignes directrices extrêmement précises si personne n’en vérifie l’application. Les meilleurs v¦ux pieux ne seront jamais plus que de simples intentions et le journaliste n’a d’autre choix que d’indiquer quels sont les ministères fautifs, peu importe leur discours. Le contrôle de la validité des sources devient donc un aspect important du travail de journalisme.