L’article paraissant en page 14 sur le Discours du trône nous révèle l’apparition d’une nouvelle notion pour les communautés francophones du Canada, celle de «communautés minoritaires viables ». Dans l’ensemble du pays, cette nouvelle notion peut ne pas avoir de grandes répercussions. Ainsi, des communautés minoritaires fortes et nombreuses comme on en retrouve en Acadie et dans certaines régions de l’Ontario, peuvent ne pas se sentir menacées par ce nouveau concept. Par contre, dans des secteurs géographiques où la communauté francophone minoritaire est éparse et peu nombreuse, comme aux T.N-O., au Nunavut et au Yukon, cela laisse songeur.
Trop souvent, on doit se battre avec de tels concepts mals définis, comme celui de nombre suffisant, concept si important en éducation et qui sert parfois à justifier l’absence de services en français. L’École Allain St-Cyr compte maintenant une centaine d’élèves. À l’époque de sa création, ce projet était décrié en raison de la notion de nombre suffisant puisqu’à peine une douzaine d’élèves avaient pu être recrutés.
Les communautés francophones d’Iqaluit, de Whitehorse et de Yellowknife jouissent d’une situation privilégiée en raison de leur nombre et de la possibilité de générer des revenus autonomes. Qu’en est-il des petites communautés? Verra-t-on un jour des fonctionnaires du ministère du Patrimoine canadien décréter la non viabilité de certaines communautés ? On sait qu’une communauté passe par différentes phases de développement. Y aura-t-il quelqu’un qui décidera unilatéralement la période d’incubation d’une communauté?
Décidémment, cette notion semble dangereuse et les représentants de la francophonie doivent redoubler d’ardeur pour s’assurer qu’elle disparaisse rapidement du discours de nos politiciens.