le Mardi 22 avril 2025
le Vendredi 20 avril 2001 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Éditorial

Un retour aux sources de discorde Éditorial

Un retour aux sources de discorde Éditorial
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La récente décision du ministère du Patrimoine canadien de changer le mode de distribution des subventions aux communautés francophones des T.N.-O. soulève de nombreuses questions et suscitent plusieurs craintes. Ma principale préoccupation repose sur une expérience déplorable vécue en 1990. À l’époque, un député avait soulevé à l’Assemblée législative le fait que le journal L’Aquilon recevait un soutien financier alors que les médias autochtones n’en recevaient pas. Plutôt que d’expliquer à ce député la provenance de ces fonds (la FFT canalisait son budget de communication vers le journal) et de demander aux institutions autochtones de se montrer aussi généreuses envers leurs médias, le secrétariat d’État du Canada avait plutôt décidé de simplement couper en entier la subvention du journal, sans préavis. Il s’en est fallu de peu que le journal ne survive pas à ce geste arbitraire.

En revenant à l’ancienne formule où des fonctionnaires affectent ces fonds de façon plus ou moins discrétionnaire, on risque de politiser à nouveau le processus. N’oublions pas que la Fédération Franco-TéNOise et les Éditions franco-ténoises se retrouvent aux prises avec le gouvernement fédéral dans la cause sur les services en français. Si Patrimoine canadien va de l’avant avec son projet et qu’on s’aperçoit soudain que l’une ou l’autre de ces deux organisations se retrouvent pénalisées par un réaménagement arbitraire des fonds, la situation deviendra intenable et on risque de provoquer un autre affrontement en cour.

À l’époque, les plus grosses organisations, celles avec des employés à temps plein et ayant de nombreuses ressources à leur disposition, ramassaient la part du lion lors de l’affectation des fonds. En effet, ces organisations présentaient toujours les meilleures demandes de subvention. Résultats : les petites organisations restaient petites et sans employés, amenuisant leur chance de bien paraître lors du processus suivant de distribution des fonds. Un beau cercle vicieux!

Le projet-pilote auquel veut mettre fin le ministère du Patrimoine canadien avait remis entre les mains de la communauté les décisions quant à l’évaluation des besoins et de l’affectation des ressources. Quel aura été l’impact? Une diminution graduelle des ressources des plus grosses organisations et une réaffectation vers les communautés locales. Le projet-pilote a confirmé qu’il n’y a pas meilleur juge des besoins que la communauté elle-même. Pensez-y bien!