La revendication des parents francophones pour obtenir de meilleurs services de soins de santé en français n’est pas nouvelle. Dès 1989, lors de la Grande tournée, les retrouvailles, il s’agissait d’une des principales priorités identifiées lors de la consultation de la communauté. L’idée d’une infirmière ou d’une travailleuse sociale s’exprimant en langue française et visitant régulièrement chacune des communautés est par contre innovatrice.
Cette idée a les deux pieds bien plantés dans la réalité du Nord : pénurie de médecins (peu importe la langue) et de petites communautés francophones parsemées aux quatre coins des Territoires.
L’importance de ce personnel de soins de santé est indéniable, mais c’est encore plus crucial dans le cas des interventions auprès des jeunes enfants.
D’une part, les jeunes enfants étant en période d’apprentissage du vocabulaire, ce dernier est souvent très limité. Il est donc important que le personnel spécialisé soit en mesure de bien comprendre la description que l’enfant donne de ses maux divers.
De plus, afin que l’expérience médicale ne soit pas traumatisante pour l’enfant, il est souvent important que s’établisse une interaction sympathique entre le spécialiste et l’enfant. Cela n’est guère facile lorsque la barrière des langues sépare les deux personnes.
Finalement, surtout pour les questions de santé mentale, l’enfance peut se définir comme une période de croissance individuelle. Il s’agit donc d’une période importante. Même des perturbations mineures (petits troubles familiaux, insécurité économique, etc.) peuvent affecter à jamais les jeunes enfants. La travailleuse sociale doit donc être en mesure de bien apprécier le désarroi de l’enfant. Cet état mental peut notamment s’exprimer de façon non-verbale. Donc, en plus de la langue de l’enfant, il faut avoir une connaissance de la culture de l’enfant puisque chaque culture comporte ses propres critères de comportements et de maniérismes acceptables ou normaux.