le Samedi 3 mai 2025
le Vendredi 1 février 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Éditorial

Beaucoup de chemin à faire Éditorial

Beaucoup de chemin à faire Éditorial
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Lors de la séance de consultation du Comité spécial sur la révision des langues officielles, il a été possible de constater qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire avant que les députés ne comprennent pleinement le dossier des services en français.

Partons d’une remarque du député Brendan Bell qui en a étonné plusieurs. Parlant du rôle du Commissariat aux langues, le député mentionnait que le nombre de plaintes avait considérablement diminué au fil des ans, qu’il s’agissait surtout de plaintes provenant des francophones et que, par conséquent, on devrait peut-être éliminer ce mandat du Commissariat.

On aurait rien à reprocher à cette remarque si le député Bell ne se faisait que le messager de commentaires entendus lors des consultations du comité. Par contre, s’il s’agit d’un exemple du type de raisonnement que le comité entend mettre de l’avant lorsqu’il émettra ses recommandations à l’Assemblée législative, il y a lieu de les avertir que de telles absurdités ne seront pas passéessous silence.

En suivant ce raisonnement, les statistiques démontrant la baisse dramatique d’utilisation de presque toutes les langues autochtones devrait inciter le gouvernement à se retirer du dossier de la préservation de ces langues. De même, on pourrait dire : le niveau de consommation des produits du tabac demeure toujours élevé malgré toutes les campagnes anti-tabac : cessons ces campagnes.

Il faut plutôt identifier les raisons derrière la baisse marquée du nombre de plaintes. La toute première commissaire, Betty Harnum, avait une approche dynamique face au dossier des langues. Elles rencontraient régulièrement les groupes concernés par les langues et, en bon ombudsman,, elle les incitait à affirmer leurs droits. Depuis ce temps, les commissaire qui l’ont suivie ont tenté une approche moins revendicatrice face à ce dossier, préférant jouer le rôle d’agent de promotion des langues officielles. Chaque plainte reçue était manipulée à grande distance et le Commissariat se contentait d’être une agence de liaison entre le plaignant et le ministère concerné. Bref, ce n’était pas très encourageant de revendiquer des droits, mais ça faisait sûrement l’affaire du gouvernement.

Il ne faut pas diminuer le rôle du Commissariat aux langues, au contraire. Si le Commissariat avait continué de se montrer aussi revendicateur et à demander constamment au gouvernement d’appliquer sa loi, on ne se retrouverait probablement pas au centre d’une poursuite judiciaire pour faire affirmer nos droits.