le Vendredi 16 mai 2025
le Vendredi 24 mai 2002 0:00 Éditorial

Soins de santé Une fausse prémisse

Soins de santé Une fausse prémisse
0:00 0:00

Lors des audiences publiques de la Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada, le commissaire Romanow demandait à une professionnelle de la santé la question suivante : « Comment elle fait pour évaluer son efficacité (du service) s’il n’y a pas de concurrence ?» Il s’agit d’une question piège qui repose sur une prémisse des plus douteuses.

En effet, la question sous-entend que la concurrence crée nécessairement une compétition basée sur la qualité des services. Or rien n’est plus faux !

Dans le secteur privé de l’économie, la concurrence peut s’exercer sur plusieurs aspects d’un service ou d’un produit. Des entreprises peuvent être en concurrence pour offrir un service au meilleur prix possible. Différentes mesures administratives peuvent être mises en place pour que la prestation du service soit la moins dispendieuse possible. Il peut aussi y avoir une concurrence basée sur la promotion du service auprès de la clientèle. Dans ce dernier cas, l’investissement en publicité se retrouvera de toute façon dans le prix payé par le client convaincu qu’il s’agit du meilleur produit (formule améliorée) sur le marché. Finalement, il peut s’exercer une concurrence sur la qualité du produit, certaines compagnies se positionnant auprès d’une clientèle plus aisée qui est apte à payer davantage pour un produit de meilleure qualité.

Comme on le voit, la concurrence ne suppose pas nécessairement une bataille rangée entre institution autour de la qualité des services.

Par contre, un des arguments de taille des partisans de la privatisation des soins de santé au Canada repose sur la constatation que les services de santé coûtent très chers aux gouvernements. Il y a donc fort à parier qu’une concurrence entre des services publics et des services privés portera davantage sur la réduction des coûts que sur la qualité du service.