le Jeudi 8 mai 2025
le Vendredi 16 août 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Éditorial

Gérer la croissance

Gérer la croissance
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Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Stephen Kakfwi, a récemment dû se justifier pour une déclaration faite il y a quelques semaines. Celui-ci invitait alors les gens qui désiraient vivre dans une grosse ville à choisir les provinces du Sud. Lors d’une conférence de presse, M. Kakfwi a expliqué qu’il visait avant tout un équilibre entre les grands centres ténois et les petites communautés.

Avec un boom économique en toile de fond, les Territoires du Nord-Ouest font face à une crise de croissance. Des commerces doivent même fermer leurs portes, faute de main d’œuvre. Quant à l’industrie, elle doit aussi faire des pieds et des mains pour trouver des employés qualifiés. Enfin, est-il vraiment nécessaire de vous rappeler la situation du marché immobilier?

Le premier ministre a raison lorsqu’il parle de la nécessité d’établir un équilibre entre les grosses municipalités et les petites communautés ténoise. Cet équilibre n’est pourtant pas facile à atteindre, puisqu’on ne peut se tourner vers l’entreprise privée, qui sera portée à s’établir là où l’on retrouve la clientèle. Ces entreprises créeront de l’emploi, ce qui contribuera à augmenter la population des villes mieux nanties. Et c’est ainsi que commence le cercle vicieux de la croissance, avec tous les enjeux environnementaux et sociaux que cela implique.

Alors que quelques municipalités privilégiées profiteront d’une panoplie de services, plusieurs communautés éloignées stagneront.

Le gouvernement pourrait avoir la tentation de décentraliser plusieurs de ses bureaux vers de petites communautés. Mais encore, faudra-t-il attirer la main d’œuvre qualifiée vers ces communautés. Et la population locale devra aussi faire face à une crise de croissance…

Quoi qu’il en soit, un premier ministre n’a pas le droit d’inciter une population à ne pas habiter son territoire. M. Kakfwi se devait d’expliquer sa déclaration qui, bien sûr, engendre un débat de société. Débat qui demeurera vraisemblablement de l’ordre de la philosophie et reviendra alors la question « pour ou contre le progrès ? »