le Vendredi 9 mai 2025
le Vendredi 24 octobre 2003 0:00 | mis à jour le 8 mai 2025 13:23 Éditorial

De mauvais augure

De mauvais augure
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L’union prochaine entre le Parti progressiste conservateur et l’Alliance canadienne vient changer le portrait politique canadien (Lire l’article en page 9). Quels seront les impacts de cette union?

Tout d’abord, c’est de très mauvais augure pour Paul Martin et le Parti libéral du Canada. Depuis la création du Parti réformiste, la droite canadienne était divisée. Dans plusieurs circonscriptions électorales, principalement en Ontario, le Parti libéral avait réussi à remporter la victoire en profitant de cette division du vote. Cette nouvelle donne risque de nuire sérieusement aux chances du parti libéral de reprendre le pouvoir lors des prochaines élections.

Pour faire face à cette menace, Paul Martin et le parti libéral risquent d’adopter un discours et des politiques plus à droite. D’un parti dirigé par un «gars du peuple», comme se définissait lui-même Jean Chrétien, on risque de faire face à un Parti libéral à l’écoute principalement des grands intérêts financiers.

C’est également de mauvais augure pour les francophones du pays. Au cours de la dernière année, on espérerait que l’élection d’un parti fédéraliste au Québec aurait insufflé un regain de vie dans les relations entre les francophones du pays. Un gouvernement libéral à Ottawa et un gouvernement libéral dans la province où réside près de 85 % des Canadiens français : on sentait qu’une harmonisation des relations fédérales-provinciales bénéficierait aux francophones hors-Québec. Le changement probable de discours du Parti libéral canadien remet ces attentes en question. En effet, bien que l’entente de l’union de la droite reconnaisse le principe de la dualité linguistique au Canada, il ne faut pas croire que cette question suscitera beaucoup d’engouement des futurs élus de cette union. On se doute, tout comme Paul Martin, que tout engagement ferme du gouvernement canadien et du parti libéral en faveur de la francophonie risque de soulever une vive opposition de la branche « allianciste » de cette union.