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le Vendredi 10 Décembre 2004 0:00 Éditorial

Regarde ailleurs

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À lire les commentaires du nouveau député d’Inuvik Twin Lakes concernant les langues autochtones, on ne peut que craindre pour l’avenir de ces dernières. Sans porte-parole à l’Assemblée pour prendre leur défense, comment le gwich’in et l’inuvialuqtun pourront-elles un jour reprendre du poil de la bête et cesser d’être des langues en péril?

Pour avoir longtemps observé le phénomène de l’assimilation au sein même de la francophonie canadienne, il n’y a rien d’étonnant à cette attitude. Trop souvent voyons-nous des francophones qui amoindrissent les effets de l’assimilation,certains devenant même les pires adversaires de la francophonie dans sa lutte pour le respect des droits linguistiques. En fait, il faut s’y attendre car il s’agit d’un indicateur clair que le phénomène de l’assimilation fait des ravages au sein d’une communauté.

En psychosociologie, le principe de la dissonance cognitive explique ce type de comportements. Prenons l’exemple d’un groupe de personnes qui se réunissent pour faire face à la fin du monde à une date bien déterminée. Ils se départissent de tous leurs biens et adoptent une série de comportements qui illustrent le malheur à venir. Lorsque la date fatidique arrive et que rien ne se produit,le groupe ne remettra pas en question ses croyances et ses comportements. Le groupe aura plutôt tendance à croire que c’est leurs actions qui ont empêché la fin du monde.

En matière de langue, quelles sont les réactions des gens qui sont assimilés. La réaction saine consisterait à accepter le constat d’échec, de faire un mea culpa et de tenter de renverser la vapeur.

Les réactions moins saines (pour ne pas dire malsaines) consistent d’abord à nier qu’il y a un problème, à tempérer l’impact du phénomène et, si la pression psychologique persiste, à démontrer de l’animosité envers ceux qui combattent l’assimilation.

Pour un député, refuser de défendre sa langue, c’est laisser libre cours au phénomène de l’assimilation, c’est abdiquer ses responsabilités et, surtout, c’est de devenir un facteur supplémentaire d’assimilation de son peuple.