Ce n’est vraiment pas difficile cette semaine de trouver un sujet d’éditorial : le jugement sur le mariage gay et la stratégie du Nord annoncée par Paul Martin viennent immédiatement en tête. Pourtant, c’est un entrefilet paraissant en page 11 dont je vous parlerai cette semaine : l’abaissement de l’âge de vote à 16 ans. D’entrée de jeu, plusieurs points positifs militent en faveur de cette action concertée des partis politiques canadiens. Seize ans est l’âge déterminé pour permettre à un jeune d’assumer la responsabilité de conduire un véhicule automobile et c’est aussi l’âge fixé par le code criminel pour la question des relations sexuelles consensuelles. À moins d’argumenter que la politique est drôlement plus importante que de mettre des jeunes sur la route avec un engin meurtrier comme l’automobile ou de permettre à des jeunes de vivre leur sexualité à leur guise, 16 ans me semble donc un âge raisonnable. Ce qui m’irrite dans cette campagne, ce sont les raisons soulevées pour appuyer la réforme. Première raison, la participation électorale. Selon un député, abaisser l’âge de vote à 16 ans permettrait d’accroître la participation électorale; la participation des électeurs a été de 60,9 %, aux dernières élections. De nombreuses études ont été réalisées et démontrent que le taux de participation des jeunes se situe entre 20 et 25 %. Ce que cela signifie, c’est qu’on aura plus d’électeurs, mais que le taux de participation chutera encore plus. Deuxième raison, c’est pour répondre au cynisme des jeunes face à la démocratie. Un député affirmait que « le cynisme, l’apathie, le désintérêt (…) se traduisent par une baisse constante de la participation électorale ». Est-ce que d’abaisser l’âge de 18 à 16 ans changera cela? Non! Un rapport publié en 2001 par le Centre de recherche et d’information sur le Canada indiquait que le cynisme face à la politique n’est pas lié à l’âge. À l’exception des très vieilles personnes, les électeurs canadiens de tous âges font preuve de beaucoup de cynisme face au milieu politique. L’âge de l’électeur ne joue pas dans cette équation. De plusieurs études, on peut dégager un facteur majeur dans la désaffectation des électeurs face à la politique et c’est le discours de droite qui a émergé un peu partout à travers le monde à la fin du siècle dernier. Avec de nombreux gouvernements déficitaires dans les pays industrialisés, le discours de droite martèle sans cesse l’électorat avec le message que les gouvernements ne sont plus importants, que l’industrie, la force des marchés et les qualités individuelles devraient seules décider de la répartition de la richesse et que l’État providence n’a plus sa place. Résultat : les gens retiennent surtout le message que le rôle des gouvernements n’est plus important. Faut-il alors s’étonner que la participation au vote diminue sans cesse?
À quel problème veux-t-on répondre?

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