L’approche inévitable d’une élection fédérale suscite à coup sûr diverses émotions chez moi : cynisme et nostalgie se bousculent allègrement la première place dans mes pensées.
Côté nostalgie, les révélations de la Commission Gomery (ou plutôt la confirmation de ce que tout le monde savait depuis près de deux ans) m’ont ramené à la belle époque des années 1970 alors que trotskistes, marxistes-lénilistes et maoïstes hantaient les corridors de nos cégeps et universités avec un même slogan : «Faisons payer les riches! ». C’est quand même marrant de s’apercevoir que 20 ans plus tard, c’est un bon gouvernement libéral canadien qui met cela en œuvre. En effet, il semble bien que quelques riches compagnies de publicités se sont fait soutirer des centaines de milliers de dollars en échange de contrats bien juteux. Qu’en bout de ligne ce soit les pauvres Canadiens qui défraient la note n’a que peu d’importance dans cette lutte des classes version canadienne. Toute une révolution culturelle je vous avoue!
Côté cynisme, c’est de voir qu’on retourne bientôt en élection. La décision de Paul Martin de reporter un vote de confiance au 19 mai n’a qu’un seul but: faire porter l’odieux d’un retour en élection aux deux partis d’opposition, les Conservateurs et le Bloc. Soit que ces partis attendent ces quelques jours ou qu’ils votent contre le généreux budget parrainé par les Libéraux et les Néo-démocrates. Dans deux semaines, Layton et Martin auront alors le même discours dans leurs campagnes respectives : «Nous on savait que vous ne vouliez pas d’élections mais eux veulent rien savoir. De plus, regardez ce qu’ils ont bloqué en refusant le budget ».
Est-ce que cette stratégie réussira à sauver la peau de Paul Martin et sa cellule parlementaire? J’en doute. Non pas que les Canadiens auront appris quelques chose de nouveau au cours des derniers 12 mois, mais une fois de temps à autre, c’est bon de changer de gouvernement. Est-ce que Jack Layton pourra gagner un peu de terrain sur les Libéraux et les Conservateurs? Probablement, mais pas assez pour faire une différence.
J’ai hâte de voir les multiples sondages de la future campagne électorale pour évaluer le pouls de la population et faire mes projections sur le résultat final. Gouvernement majoritaire conservateur? Gouvernement minoritaire? On le saura dans moins de deux mois.
