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le Vendredi 26 août 2005 0:00 Éditorial

Oui aux langues autochtones

Oui aux langues autochtones
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Bravo au Groupe de travail sur les langues et les cultures autochtones pour ce premier rapport rafraîchissant! Les recommandations faites par cet organisme au gouvernement fédéral sont justes et souhaitables.

À l’évidence, les premières langues à avoir été parlées au Canada sont en piteux état. Des années de politiques coloniales et de campagnes d’assimilation grossières comme les tristement célèbres « pensionnats indiens » ont dangereusement émacié le patrimoine linguistique de notre pays. En réclamant qu’Ottawa finance la revitalisation des langues autochtones au même titre que les langues officielles en milieu minoritaire, le GTLCA ne demande que ce qui leur est dû.

Quelque part dans ce rapport on site une Aînée autochtone : « La langue et la culture sont indissociables. […] Notre identité est composée de notre langue et de notre culture et c’est ce qui détermine qui nous sommes. » Ce n’est pas un francophone en milieu minoritaire qui contredira ça.

Évidemment, étant donné que leurs langues ne jouissent pas de reconnaissance dans la Constitution canadienne, il ne sera pas aisé pour les Autochtones de faire avancer leur cause. Même s’il est indéniable que les langues autochtones sont les langues maternelles des premiers habitants de ce pays, aucune loi canadienne ne les supporte. Cela sera certainement un obstacle à leur juste reconnaissance. L’attitude du ministre responsable des langues officielles à cet égard, en est un bel exemple.

À Ottawa, où l’on peine à débloquer des fonds pour assurer la survie des communautés minoritaires de langues officielles, le rapport du GTLCA risque d’être vu comme un coup de tomahawk dans la zone du portefeuille. Si l’on considère que, via les ententes Canada-communauté, le gouvernement fédéral débourse, grosso modo, 15 $ par francophone hors-Québec (15 millions de $ divisé par 1 million de francophones), et que l’on accorde un financement équivalent aux 208 000 locuteurs autochtones, ça nous fait une facture de 3 120 000 $. Il faudrait faire le même calcul pour tous les autres programmes. La somme peut paraître importante comme ça, mais le gouvernement ne s’apprête-t-il pas à empocher des surplus de plus de 11 milliards de dollars?