Voilà que ça recommence! Le temps n’a pas encore permis à la poussière de s’accumuler sur le rapport intérimaire du juge Gomery et voilà que les différents partis politiques à Ottawa tentent désespérément de forcer le gouvernement à déclencher des élections. Il faut les comprendre. Il y avait un espoir que le rapport du juge Gomery mettrait en cause Paul Martin puisqu’il était ministre des Finances au moment où se sont produites les tractations douteuses du fameux scandale des commandites. Or, le rapport intérimaire vient blanchir le chef du Parti libéral. C’est donc dire que les trois partis d’opposition n’entrevoient plus aucun avantage à attendre le dépôt du rapport final.
Côté financier, le Parti conservateur, appuyé généreusement par la haute finance et l’industrie pétrolière canadienne (qui baigne dans l’argent ces derniers temps), est probablement le parti politique canadien le plus en mesure de se lancer immédiatement en campagne électorale. Ils ont tout à gagner et rien à perdre en forçant des élections.
La stratégie du Bloc québécois peut facilement être décrite en citant une formule humoristique des Cyniques datant des années 1970 : « Le pays est au bord du précipice. Nous lui ferons faire un pas en avant ».
Le Nouveau parti démocratique n’a jamais jouit d’autant de pouvoir depuis de nombreuses années. Détenant la balance du pouvoir, ils sont enfin en mesure d’avoir leur mot à dire sur les orientations du gouvernement canadien. Comme je ne suis pas non plus certain que leur caisse électorale est suffisamment regarnie et que leur repositionnement auprès de l’électorat ne semble pas en faire une option stratégique valable (20% des appuis), je croyais qu’ils étaient destinés à continuer d’appuyer les troupes de Paul Martin. Mais il semble que les critiques acerbes tant du clan Harper que du Bloc québécois ont forcé Jack Layton à remettre en cause son appui au gouvernement. À moins, bien sur, que ce soit simplement une position stratégique du NPD pour obtenir d’autres concessions de Paul Martin. Seul le temps répondra à cette question.
Devant ce nouveau front commun, Martin aura-t-il le culot de proroger les travaux du Parlement? Cette option permettrait au gouvernement de continuer à gouverner mais sans pouvoir adopter de nouvelles mesures législatives, et ce jusqu’au dépôt du rapport final de la commission Gomery prévue pour février. S’il ne le fait pas, on risque bien de passer les vacances de Noël avec une campagne électorale sur les bras. Beau cadeau!