le Jeudi 22 mai 2025
le Vendredi 9 Décembre 2005 0:00 Éditorial

Changement de stratégie

Changement de stratégie
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Malgré que j’ai de la difficulté à me mettre dans le bain pour cette campagne électorale, je me force néanmoins à lire régulièrement les déclarations des chefs. Pas de grandes surprises jusqu’à présent : Martin et Harper promettent, Duceppe surfe sur la vague anti-libérale qui déferle dans sa région et Layton change la stratégie du parti. C’est de ce dernier point dont je traite cette semaine.

Aux dernières élections, le NPD se présentait comme une option de rechange aux deux principaux partis pan-canadiens. Layton le croyait peut-être mais ça on le saura dans quelques dizaines d’années en lisant ses mémoires. Personnellement, j’aimais le programme, mais je ne me faisais pas d’illusion. Avec un pourcentage du vote qui varie entre 15 et 20 pour cent, il aurait fallu un miracle pour que ce parti aspire au pouvoir.

Or il semble maintenant que la stratégie est plus réaliste. Le NPD s’offre comme le parti qui détiendra la balance du pouvoir. Ce discours est non seulement plus réaliste, mais j’ai l’impression qu’il sera en mesure de rassurer bien des Canadiens.

Plus réaliste, car ce sont encore libéraux et conservateurs qui empochent les plus grandes portions du vote (33% et 31% respectivement). Dans le système électoral canadien, ça prend un peu plus de 40% du vote pour former un gouvernement majoritaire. La possibilité qu’un autre gouvernement minoritaire soit élu en janvier est actuellement très plausible. Bloc et NPD pourront vraisemblablement aspirer à détenir la balance du pouvoir.

C’est également rassurant car cela permet aux électeurs qui en ont marre du Parti libéral d’exprimer leur vote de contestation sans crainte de diriger le pays vers un autre cauchemar, l’élection d’un parti d’extrême droite qui aurait carte blanche pour accentuer l’américanisation de notre système économique, politique et social.

C’est rassurant car, peu importe qui des libéraux ou des conservateurs obtiendra le plus de sièges au Parlement, il y aura nécessairement des compromis politiques qui devront être atteints pour que le gouvernement fonctionne et que tous projets de lois soient adoptés. Or, la gouvernance par compromis, c’est probablement le plus proche que le système politique canadien sera d’une véritable démocratie telle qu’elle existe dans les systèmes politiques de représentation proportionnelle.

Vive les gouvernements minoritaires!