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le Vendredi 27 janvier 2006 0:00 Éditorial

Une autre minorité

Une autre minorité
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Parti conservateur sera maintenant aux premières loges pour apprécier le sort des minorités. En récoltant un pourcentage de 36,3%, les conservateurs doivent maintenant réaliser que 63,7% de la population canadienne ne les voulait pas au pouvoir.

Si on en juge par la rhétorique de plusieurs candidats conservateurs lors des dernières élections, Stephen Harper devrait immédiatement abdiquer. Mais je parie qu’il y a quelque part une loi qui les protège. Pour les minorités canadiennes, c’est la Constitution. Pour les gouvernements minoritaires, c’est probablement une loi électorale ou des règles de régie parlementaire. Mais le résultat est le même : les minorités sont protégées par des lois et des règlements afin de les soustraire au joug de la majorité.

Pis encore, même un front commun du Parti conservateur (36,3%) et du Bloc québécois (10,5%) ne parviendrait pas à rallier une majorité d’électeurs, car il reste encore 53,2% des électeurs qui n’ont pas appuyé ces deux partis.

Ironie mise de côté, voici ce à quoi je m’attends au cours des prochains mois.

On peut s’attendre à une bonne protection de nos intérêts en tant que minorité linguistique. Que ce soit du côté du Parti libéral, du NPD ou du Bloc, il est peu probable que le Parti conservateur réussisse à se soustraire à ses obligations constitutionnelles envers nous.

Pour se rallier l’appui du Bloc, le Parti conservateur se dit prêt à s’attaquer au déséquilibre fiscal entre le fédéral et les provinces. Deux stratégies s’affronteront cependant : celle qui consiste à diminuer les impôts du gouvernement fédéral ou celle qui augmenterait les transferts vers les provinces. Restez à l’écoute pour ce dossier chaud.

Il faut aussi s’attendre à ce que la TPS soit abolie et ce avec l’appui de tous les partis. En fait,pour l’opposition, c’est la seule façon de s’assurer que le Parti conservateur ne puisse se servir de cette abolition de la taxe pour mousser sa prochaine campagne électorale.

Comme on vient de sortir d’une campagne plutôt salope, je m’attends à quelque chose de vraiment navrant dans les semaines qui précéderont le déclenchement de la prochaine élection. Je crains beaucoup que le Parti conservateur décide de mener sa prochaine élection contre la minorité homosexuelle en présentant, en toute connaissance de cause, un projet de loi sur le mariage gai, sachant que celui-ci sera défait et déclenchera le processus électoral. Faut l’avouer, la dernière campagne électorale a bien démontré que des campagnes négatives sont efficaces.