Le projet de loi du Sénateur St-Germain qui crée un modèle de base pour l’autonomie gouvernementale des Autochtones est plein de bon sens. Maintenant que nous avons quelques modèles d’accords sur l’autonomie gouvernementale, ce serait la moindre des choses que de s’assurer que les futures ententes seront, au moins, aussi avantageuses que celles déjà existantes.
Mais il faut aussi se méfier des mots. Avec sa tournure aguichante « autonomie gouvernementale » peut donner l’impression qu’on offre aux Autochtones des pouvoirs grandioses, semblables à ceux des provinces. Mais ce n’est pas du tout le cas. La vérité est que ces gouvernements « autonomes » sont en fait le palier gouvernemental le plus sous tutelle au Canada. Le tout nouveau gouvernement tlicho offre certainement des pouvoirs supplémentaires à ses citoyens, mais il demeure un gouvernement sans revenus autonomes, astreint à la mendicité devant le gouvernement territorial, qui vit lui-même aux crochets du fédéral. Pouvoir créer ses propres programmes scolaires et culturels c’est une chose, mais quand on ne peut pas prélever de taxes pour les financer… Pour l’instant la seule taxe tlicho qui existe est une taxe de vente qui équivaut, ni plus ni moins, à retourner au gouvernement de Bechoko la TPS payée par les résidents à Ottawa.
Et puis il ne faut pas trop compter sur le gouvernement Harper pour offrir aux nations autochtones les pouvoirs qu’ils méritent. C’est bien le parti qui a voté contre l’Accord Tlicho qui nous gouverne. Lors de sa première visite aux TNO, le ministre des Affaires indiennes, Jim Prentice, s’est présenté le torse bombé comme un champion des accords de revendications territoriales, celui qui va régler le dossier Deh Cho. Jamais, cependant, il n’a osé prononcer les mots « autonomie gouvernementale ». N’a-t-il donc pas remarqué que, des six nations autochtones et inuites des TNO, une seule a accédé à cette « autonomie » ?
Ce matin, mercredi, (Eh oui, on travaille même les fériés à L’Aquilon) Le Devoir publiait une lettre dans laquelle un ex-ministre des Afffaires indiennes et le séparatiste Bernard Landry s’inquiétaient de la possibilité que le Canada imite (encore) les États-Unis et l’Australie en ne signant pas une convention internationale qui reconnaît aux Autochtones « le droit à l’autodétermination ». Sans vouloir vous décourager, messieurs, ce gouvernement-là a déjà de la peine à reconnaître une autonomie de façade, alors pour l’autodétermination on repassera.