Il a été fait beaucoup de cas en fin de semaine dernière de la notion de porte-parole. Le débat qui s’est soldé par l’adoption, à l’unanimité, de nouveaux statuts pour la FFT et la démission d’un membre de la Fédération franco-ténoise (FFT), avait pour trame de fond toute la polémique (pour reprendre l’expression consacrée d’André Légaré) entourant les travaux de la table des organismes francophones de Yellowknife (TOFY) au courant de la dernière année.
Rappelons quelques faits sur cette controverse qui avait fait la une du journal à l’époque. Alors que les discussions allaient bon train sur la question de l’agrandissement de l’école Allain St-Cyr. L’Association des parents ayants-droit de Yellowknife demandait à la FFT de convoquer une réunion de la TOFY sur la question des infrastructures communautaires francophones. Jusque-là, pas de problème! Puis est venue la question d’un porte-parole du dossier auprès des gouvernements concernés. S’appuyant sur ses statuts et règlements, et en dépit de la réticence d’au moins deux des groupes concernés, la FFT s’était déclarée porte-parole du groupe. Et la controverse ne s’est pas amenuisée depuis.
Si on en croit tout le temps consacré en fin de semaine sur l’analyse des statuts et règlements de la FFT, ainsi que les nombreuses heures de travail préalables lors d’un Conseil des présidents et des présidentes ainsi qu’en sous-comité, les gens semblent accorder une très grande importance à cet aspect de notre vie démocratique. Ce n’est pas mon cas. Des statuts et règlements, c’est bien beau et c’est essentiel, mais il y a tout un monde réel, un environnement mouvant, qui influence davantage nos comportements que ne le font nos statuts et règlements.
Prenons la notion de porte-parole. On aura beau écrire que c’est celui-ci ou celui-là notre porte-parole, en bout de compte, c’est la capacité d’être écouté et d’être entendu qui détermine la valeur d’un porte-parole, pas un bout de papier. Ce ne sont pas quelques paragraphes d’un document énonçant des principes de fonctionnement interne qui feront soudainement que les gouvernements concernés vont commencer à nous écouter. Seul le caractère uni, solidaire et crédible de notre voix saura attirer leur attention. Il y a donc encore beaucoup de travail d’harmonisation et de conciliation à réaliser au sein des organismes ayant pignon sur rue à Yellowknife avant qu’ils puissent se faire entendre. Mettez-vous au travail, réglez vos différends, établissez un consensus et puis la question du porte–parole sera de celles qu’on règle en quelques secondes.
Dans le nouveau contexte du CDÉTNO qui ne ferait plus partie des organismes représentés par la FFT, si la question de porte-parole vous empêche de faire progresser un dossier, mieux vaut l’écarter temporairement car, de toute façon, le porte-parole n’a rien à dire si ce n’est comment le dossier avance (pas du tout, un peu, beaucoup ou à la folie comme le veut la marguerite).
Car c’est ça la seule prérogative d’un porte-parole, pas de présenter sa propre position sur un dossier comme étant la position de la communauté, mais bien de rendre compte objectivement de l’avancement d’un dossier commun même si le dossier n’avance pas vite. La crédibilité d’un porte-parole, tant auprès de la communauté que des interlocuteurs gouvernementaux dépend totalement de sa facilité à participer à l’élaboration d’un consensus et à en rendre compte. La crédibilité d’un porte-parole viendra ensuite déterminer s’il sera écouté et entendu. Et cela, ça ne s’inscrit pas dans des statuts et règlements.
Pour L’Aquilon, il est primordial de favoriser la coopération et l’harmonie au sein de la communauté franco-ténoise pas simplement parce que c’est dans notre mandat, sur un bout de papier qui traîne dans un dossier au fond d’un classeur, mais parce c’est la seule façon de faire progresser la communauté et de soutenir son développement. J’invite donc le CDÉTNO à ne pas quitter les rangs et à travailler avec les autres groupes à l’établissement d’un consensus sur la question des infrastructures communautaires à Yellowknife. Vous êtes une pièce trop importante du casse-tête de Yellowknife (à prendre dans tous les sens du mot, désolez de la boutade) et, si le dossier vous tient vraiment à cœur, il est important que vous soyez partie prenante à la décision.