Le débat que tente de soulever le chef déné, Bill Erasmus, a fait couler beaucoup d’encre dans les années 1990. Le processus menant à la division des Territoires et à la création du Nunavut était enclenché et le moment semblait propice pour questionner notre mode de fonctionnement en tant que société du Nord.
Actuellement, les TNO (et les deux autres territoires) sont assujettis à deux actes constitutionnels et cela peut parfois porter à confusion. Il y a d’abord la Constitution canadienne, qui définit les territoires comme ni plus ni moins une branche du gouvernement canadien. Il y a aussi une loi constitutionnelle des Territoires, la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest.
Dans les années 1990, le débat portait principalement sur la façon dont on s’organise dans le Nord. Un débat qui aurait touché non seulement la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest, mais aussi d’autres lois nordiques comme celle qui encadre le fonctionnement de l’Assemblée législative.
Relancer ce dernier débat est approprié. Avec l’émergence des gouvernements autonomes autochtones et la dévolution de pouvoir, il serait avisé de se pencher sur la question des champs de juridiction respectifs des différents niveaux de gouvernement. Ce n’est pas parce que le débat des années 1990 n’a pas porté fruit qu’il faut croire qu’il n’y a pas de terrain d’entente.
Par contre, essayer de rouvrir le débat sur la Constitution canadienne est probablement illusoire et le contexte ne s’y porte guère. En effet, la Constitution de 1982 a soulevé plus de questions qu’elle n’en a réglées, notamment avec le Québec qui refusait de la signer. De plus, le courant de droite qui secoue une partie du pays voudrait probablement remettre en cause certains principes notamment au niveau de la Charte canadienne des droits et libertés et de la nomination du Sénat. Rouvrir le débat constitutionnel canadien risque d’être aussi fructueux que les tentatives de Mulroney : une pomme de discorde qui ferait patate, y aurait de quoi rendre jaloux tous les scientifiques de la manipulation génétique.