le Samedi 24 mai 2025
le Vendredi 30 mars 2007 0:00 Éditorial

Moi je suis prêt à attendre

Moi je suis prêt à attendre
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Je suis heureux de constater que je ne suis pas le seul à penser que l’évaluation astronomique des coûts de construction du pipeline est peut-être un peu pas mal gonflée par les promoteurs. La différence entre l’opinion émise par le président du Aboriginal Pipeline Group (APG) et la mienne, c’est que M. Carmichael est sûrement mieux informé que moi et, surtout, mieux au fait des coûts réels de ce projet.

Qu’il y ait augmentation, je n’en serais pas étonné. Que ce soit l’explosion économique en Alberta ou la pression exercée sur l’industrie de la construction par les travaux olympiques de Vancouver, matériaux et main d’œuvre sont très en demande en ce moment. Mais de là à croire que les coûts vont plus que douberé, il y a un pas que je ne franchis pas.

En effet, les facteurs pouvant expliquer cette hausse sont conjoncturels. En retardant de quelques années la construction du pipeline, on pourrait contourner ces facteurs. Ainsi, sans gaz naturels en abondance, les opérations d’extraction du pétrole des sables bitumineux dans le Nord de l’Alberta et de la Saskatchewan auront peut-être tendance à ralentir et il s’agit là de l’activité économique qui crée le plus de pression sur les coûts de construction chez nos voisins du Sud. De plus, d’ici 2010, la construction des installations olympiques des Jeux de Vancouver devrait être achevée, enlevant encore plus de pression sur les coûts de construction.

Personnellement, je serais plus enclin à attendre plutôt de se plier à ce chantage des compagnies pétrolières.

Et si les gouvernements veulent absolument faire avancer le projet, je trouverais éhonté que cela prenne la forme d’une subvention aux riches compagnies pétrolières. Si le concept d’étatisation d’infrastructures énergétiques n’est pas des plus populaires dans le contexte politique canadien, celui des partenariats publics-privés est encore bien reçu. Ainsi, si les gouvernements investissent dans ce projet, ils devraient avoir une partie de la propriété du pipeline proportionnelle à sa contribution. Mais ce droit de propriété ne devrait pas être aussi limité que le type d’entente intervenue au profit de l’APG qui est assorti de conditions reliées au développement d’autres champs gaziers. Il faudrait des titres de propriété clairs qui permettraient aux gouvernements de dicter leurs propres conditions d’exploitation et de génération de revenus.