D’emblée, il faut souligner que l’initiative du député conservateur de l’Est ontarien, Pierre Lemieux, est louable et vient assurer les francophones vivant en milieu minoritaire qu’ils auront l’appui du gouvernement fédéral dans leurs luttes quotidiennes pour faire respecter leurs droits. En cette période pré-electorale, qui dure maintenant depuis plus d’un an, les francophones d’un bout à l’autre du pays doivent commencer à se sentir choyés avec toute l’attention qui leur est portée. Si on en juge l’affaire Shane Doan, il semble cependant qu’on ait encore du chemin à faire, mais admettons que le contexte est propice actuellement à faire reconnaître la valeur de nos actions de défense des droits linguistiques.

La question fondamentale cependant est surtout de savoir pourquoi le gouvernement remplacerait-il un programme qui était efficace et donnait des résultats concrets, le Programme de contestation judiciaire? Pourquoi le remplacer par un programme qui n’est même pas encore défini, qui n’est même pas un projet? Un programme qui s’adresserait uniquement aux minorités linguistiques?

C’est bien beau d’avoir atteint le statut de minorité choyée, mais le programme de contestation judiciaire épaulait bien plus que la simple minorité francophone. C’était l’outil pour faire en sorte que la Charte canadienne des droits et libertés soit vraiment la loi suprême du pays. Une loi qui protège toutes les minorités contre les abus et la discrimination.

La dernière période électorale ne laissait aucun doute. L’abolition du programme de contestation judiciaire visait surtout à éliminer un outil dont se servait une minorité achalante pour les prudes conservateurs, les minorités sexuelles.

Et voilà qu’on se met à redonner certains privilèges à la pièce, à certaines minorités qui ont acquis leurs lettres de noblesse ou, tout au moins, qui ont un poids politique plus important. Si vous êtes comme moi, c’est un gain qui laisse un goût amer.