« Il faut se tourner la langue sept fois dans la bouche avant de parler ». « Se mettre les pieds dans les plats ». « Il faut que jeunesse se passe ». Voici trois dictons, pleins de sagacité, qui s’appliquent bien à un événement de la dernière semaine : les déclarations chocs du nouveau candidat libéral de Papineau, Justin Trudeau, quant à la pertinence des systèmes scolaires séparés pour les minorités linguistiques.
En gros, le rejeton de Pierre Elliott Trudeau, se retrouve à prononcer un discours au Nouveau-Brunswick, devant 2000 enseignants de cette province. Il a alors déclaré que l’existence de deux systèmes scolaires distincts cause de la ségrégation, est inefficace et coûte trop cher. Dans les jours qui suivent, les médias, le patron et les porte-parole d’organismes francophones vilipendent le petit nouveau et ce dernier se doit d’avoir recours à la classique explication de tous les politiciens qui se sont déjà mis les pieds dans les plats : «J’ai été cité hors contexte ».
Il y a à peine 10 ans de cela, une telle déclaration aurait été sans surprise provenant d’un aspirant député de l’Alliance canadienne. Mettre un prix sur la lutte à l’assimilation ou sur la défense de la dualité linguistique du pays était alors chose courante. «Ça coûte trop cher, parlez donc toute anglais !»
J’ose espérer que le message de Justin Trudeau constituait simplement un discours inarticulé de quelqu’un qui voit les Canadiens comme un peuple où tous sont bilingues, un « extrémiste » de la dualité linguistique, mais seul le temps nous permettra de le savoir. En attendant, je lui souhaite de prendre un peu de recul et de s’apercevoir qu’on ne se lance pas en politique comme on essaie le paraplanche ou le polo. Il doit y avoir un peu plus de réflexion et d’articulation sur les grands enjeux de la société canadienne, notamment les objectifs de la Constitution canadienne.