En lisant les propos du ministre Prentice sur les ententes d’autonomie gouvernementale alors qu’il était simple critique de l’Opposition officielle, je ne peux m’empêcher de réagir.
D’une part, je comprends que les conséquences de ces ententes ne sont pas toujours faciles à cerner. La concession de droits unilatéraux à un groupe particulier d’individus (basé sur l’ethnicité) peut sembler rébarbative. Depuis au moins 50 ans, la société a beaucoup travaillé pour mieux refléter le caractère multiculturel du Canada et le combat n’est pas terminé comme en font foi les campagnes contre le racisme. À première vue, ces ententes semblent aller à contre-courant de ce qui se passe ailleurs au Canada.
C’est encore plus difficile à comprendre quand les champs de compétence qui sont dévolus aux Autochtones touchent des sujets qui tiennent beaucoup à cœur au citoyen comme l’éducation ou la santé. Le premier réflexe est certes de se dire : « Mais je veux avoir mon mot à dire sur ça ».
Il faut cependant réaliser que le processus d’autonomie gouvernementale des Autochtones vise à réparer des injustices qui datent de nombreuses décennies et s’étalent sur au moins trois siècles. Que ce soit au tout début, avec la signature de traités dont le processus fut parfois très nébuleux et dans les décennies suivantes alors que ces mêmes traités furent souvent bafoués, les torts causés aux Premières nations se sont perpétués et les conséquences sont bien visibles de nos jours. L’ampleur des problèmes sociaux auxquels font face les Premières nations constitue un défi de taille que les politiques des gouvernements traditionnels, basés sur le parlementarisme britannique, n’ont pas réussi à résoudre. Il n’y a pas de garantie, mais l’émergence de gouvernements autochtones permettrait justement de trouver des solutions mieux adaptées aux réalités nordiques.