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le Vendredi 15 juin 2007 0:00 Éditorial

Éditorial: Donner d’un côté et reprendre de l’autre

Éditorial: Donner d’un côté et reprendre de l’autre
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Dans cet éditorial, je ne parlerai pas de la valse bien orchestrée qui se joue entre Ottawa et les grandes pétrolières autour du projet de pipeline dans la vallée du Mackenzie. Je ne parlerai pas du chantage à peine voilé de ces compagnies milliardaires et de l’occasion en or qu’elles donnent au gouvernement conservateur de se pavaner comme un défenseur des intérêts des simples citoyens face à ces compagnies qui croulent sous les profits. Je ne parlerai pas non plus des nouvelles exigences que pourrait imposer le fédéral quant à une garantie d’accès au pipeline pour d’autres exploitants de gaz naturel alors qu’il y a tant de garanties environnementales qui devraient avoir préséance.

Non, je vais plutôt parler des impacts du pipeline sur le bien-être des résidents du Nord. On le sait, les politiciens du Nord désirent déjà se répartir la tarte avant même qu’on ait mis la main à la pâte*. Des millions de dollars miroitent à leurs yeux. Ils devraient cependant porter une attention toute particulière à la petite crise politique qui se déroule actuellement dans les provinces de l’Atlantique, notamment en Nouvelle-Écosse et à Terre Neuve-Labrador. Les gouvernements de ces provinces sont sur le sentier de la guerre autour du dernier budget fédéral. Selon ces gouvernements provinciaux, les concessions du fédéral quant à la perception de redevances sur l’exploitation pétrolière au large de leurs côtes risquent de n’engendrer aucun bénéfice pour ces provinces si ces nouveaux revenus ont pour conséquence la diminution des paiements de péréquation qu’elles reçoivent du fédéral.

Et c’est bien ce qui risque d’arriver au gouvernement territorial s’il parvient à obtenir d’Ottawa des concessions sur la perception de redevances en provenance des industries d’extraction de ressources naturelles. Plus le gouvernement territorial percevra d’argent de ces activités, moindre sera le niveau de subvention en provenance du gouvernement fédéral. Que restera-t-il donc à se partager? La fierté d’être plus autonome financièrement? Ce n’est certes pas négligeable, mais c’est pas ça qui va remplir les coffres de l’État.

Il semble donc que les retombées économiques de ce projet sont des plus incertaines pour les gens du Nord. Il faudra trouver ailleurs les argents nécessaires pour répondre aux nombreux problèmes sociaux qui nous affectent tous.

* Petite analogie pour plaire à notre pâtissier maison, Maxence.