En apprenant il y a quelques jours que les parents francophones de Fort Smith avaient opté pour le programme d’immersion, ma première réaction était bien négative, pour ne pas dire véhémente. À la grande surprise de mon journaliste, je suis prêt à parier. Il y a bien des raisons pour expliquer cette réaction. Tout au long de mes années dans le Nord, la question de la pertinence du programme d’immersion pour les enfants francophones a été au centre de nombreux débats. Personne ne remet en cause l’excellence des programmes d’immersion dans le Nord et ailleurs au Canada. Cette formule a aidé de nombreux élèves anglophones à devenir bilingues ou, tout au moins, à acquérir une bonne maîtrise de la langue française et une sensibilité à la culture francophone.
Par contre, tout au long de ces années, j’ai aussi entendu de nombreux témoignages émouvants de parents francophones qui faisaient un constat d’échec quant à l’impact de ce même programme sur leurs enfants. Pour ces jeunes francophones, les programmes d’immersion n’étaient ni plus ni moins qu’un environnement propice à l’assimilation culturelle. Cela dit, il faut comprendre la nécessité de faire ce que l’on peut dans des circonstances difficiles et, surtout, de bien se préparer comme parent pour contrer les effets négatifs probables qu’aura ce choix sur l’identité culturelle de l’enfant.. En raison du faible nombre d’enfants francophones actuels et potentiels, la décision de choisir l’immersion était somme toute incontournable à Fort Smith. Maintenant, c’est aux parents francophones de Fort Smith de bien cerner l’enjeu de cette décision et de se retrousser les manches. En effet, ce que n’offre pas un programme d’immersion, c’est un environnement culturel complet pour les élèves. Car même avec une école de français langue première, l’assimilation culturelle fait des ravages, et c’est encore pire avec un programme d’immersion. Pour éviter une perte de cette identité culturelle francophone chez les enfants, il faudra donc que les parents francophones s’organisent ensemble et avec le reste de la communauté francophone de la ville pour bien encadrer ces jeunes enfants et leur offrir ces éléments de culture indispensables à la construction de leur identité.
C’est un défi de taille mais c’est un beau défi.