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le Vendredi 2 mai 2008 0:00 Éditorial

Une décision surprenante

Une décision surprenante
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Les conclusions du comité de scientifiques canadiens, réuni la semaine dernière à Yellowknife, sur la situation de l’ours polaire au pays sont très surprenantes. Selon eux, cet animal ne mérite pas plus pour l’instant qu’un statut de « préoccupant ».

Pour bien situer les gens, le verdict du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) est une coche en dessous du statut de « menacé » et deux coches de moins que le statut de « en voie de disparition ». Même si le statut de « préoccupant » requiert une action légale du gouvernement, ce constat n’a pas autant d’impact que si l’ours blanc avait été classé dans les deux autres catégories.

La décision est surprenante, car la COSEPAC est sensée être un organisme complètement indépendant du pouvoir politique et dont les seuls intérêts sont de rendre compte objectivement des évolutions des différentes espèces. Je peux très bien comprendre l’argument que les populations d’ours polaires recensées n’ont pas diminué de façon assez substantielle dans les dernières années pour appuyer sur le bouton panique, mais c’est plutôt le manque de vision à long terme des scientifiques canadiens qui inquiète.

Au moment même où ils affirment que l’ours polaire est une des espèces les plus touchées par le réchauffement planétaire, ces mêmes experts ajoutent que les projections climatiques à long terme ne permettent pas de conclure que la situation de l’ours blanc pourrait s’aggraver. C’est très contradictoire comme déclaration!

Comme le disait dans un média national, cette semaine, un porte-parole de l’organisation américaine Centre for Biological Diversity, la seule façon que le COSEPAC ait pu arriver à sa conclusion est en ignorant les nombreuses études et ouvrages de la communauté scientifique qui indiquent que la glace est vouée à disparaître d’ici un siècle si le réchauffement climatique se poursuit au même rythme. Presque à chaque semaine, une nouvelle étude au constat plus alarmant que la précédente est dévoilée.

Peut-être le COSEPAC ne voulait-il tout simplement pas brusquer le ministère fédéral de l’Environnement? N’oublions pas que ce dernier n’avait pas accepté la recommandation d’accorder à l’ours polaire le statut de « préoccupant » lors de sa dernière tentative en 2004.