Le petit désastre écologique récent dans le nord de l’Alberta a soulevé quelques tollés de protestation au Canada. Environ 500 canards ont eu la mauvaise idée d’aller atterrir dans un étang hautement toxique produit par les opérations d’extraction de pétrole des sables bitumineux de Syndrude Canada.
Par comparaison, rappelons qu’en septembre 1984, environ 10 000 caribous s’étaient noyés en traversant la rivière Caniapiscau, environ 450 km en aval d’un réservoir du complexe hydroélectrique de La Grande d’Hydro-Québec.
Outre la grande différence dans le nombre de bêtes affectées, ces deux épisodes ont quelques points en commun. Premièrement, Greenpeace, dans le cas des canards, et SIGMAI (le Secrétariat des activités gouvernementales en milieu amérindien et inuit) ne feront jamais le poids face aux départements de relations publiques des géants de l’énergie. Cette semaine, Syncrude Canada a acheté des pleines pages de publicité dans les médias albertains pour s’excuser pour cette bévue. En 1984, Hydro avait aussi déployé de grands efforts médiatiques afin de détourner l’attention de ses opérations hydroélectriques dans le Nunavik.
Deuxièmement, ces deux histoires démontrent que plusieurs animaux ont péri et vont périr sur l’autel de notre société énergivore. Tant et aussi longtemps que nos sociétés industrialisées ne changeront pas de cap, nos besoins en énergie de toute sorte auront pour conséquence qu’il y aura toujours des entreprises qui prendront des risques énormes pour l’environnement afin de satisfaire notre demande en énergie.
J’aimerais terminer sur une différence fondamentale entre ces deux désastres. Malgré les impacts négatifs importants de la construction de barrages hydroélectriques sur les écosystèmes immédiats de ces complexes, il faut reconnaître que cette source d’énergie est beaucoup moins dommageable sur l’environnement, notamment en matière de production de gaz à effet de serre (GES). Dans le cas de l’extraction de pétrole à partir des sables bitumineux, non seulement ces opérations endommagent l’environnement, mais la matière produite, le pétrole, vient ajouter à notre capacité d’émettre des GES.