Il a été fait grand cas au cours de la dernière semaine, surtout au Québec, mais aussi ailleurs au Canada dans la presse anglophone, de la division gauche/droite du vote. Au centre de ces observations, les analystes reviennent aussi souvent sur la division entre milieux urbains et milieux ruraux : les milieux fortement urbanisés votent plus aisément vers les partis idéologiquement à gauche, alors que les régions rurales ont tendance à voter plus à droite. Cette distinction rurale/urbaine n’est pas une constatation nouvelle et on peut même l’observer ici dans le Nord, mais les effets sur le vote sont différents : il y a un appui plus marqué au Parti libéral en région, là où la population autochtone est plus importante.
Le problème majeur de ces analyses, c’est la généralisation à outrance des tendances du vote. Par exemple, ce ne sont pas tous les Autochtones qui votent pour le Parti libéral, même s’il faut s’attendre encore à constater au lendemain du 14 octobre que les communautés à forte concentration autochtone auront surtout appuyé le Parti libéral.
Les généralisations ont aussi une autre fâcheuse conséquence : la disparition du centre. Les médias font grand cas d’un clivage du vote entre gauche et droite, comme s’il n’y avait aucune alternative entre les deux, comme si les programmes étaient si opposés qu’on avait que ces choix. On oublie parfois que tous les partis politiques ont tendance à se montrer opportunistes et à faire des compromis quant à leur programme de façon à s’attirer plus de votes. C’est peut-être dire que, finalement, tous les partis politiques canadiens ont une tendance vers le centre.
Mais en période électorale, les partis politiques jouent le jeu de la distinction nette : « Nous on veut réduire la taille de l’État alors qu’eux veulent hausser les impôts », ou « Nous on veut avantager les citoyens ordinaires, alors qu’eux ne veulent qu’avantager les grosses entreprises ». Le pire dans ces simplifications, c’est que souvent ça va fonctionner, surtout auprès des électeurs qui n’ont pas grand temps à consacrer à la campagne électorale et qui vont se contenter de regarder les publicités électorales. C’est malheureux, mais c’est comme ça que la démocratie marche, tant bien que mal.