Une des recommandations de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie (TRNEE) presse le gouvernement fédéral de se doter d’une politique nationale sur le prix des émissions de carbone (Article en page 1). On y parle notamment de l’établissement d’un système de quotas et d’échange sur les émissions de gaz à effet de serre.
Cette recommandation nous replonge dans la controverse des élections de l’automne dernier alors que deux politiques visant le même résultat s’affrontaient. Dans un camp, en accord avec le protocole de Kyoto, on offrait aux Canadiens soucieux de l’environnement l’instauration d’un régime de quotas et d’échanges ainsi que d’une bourse du carbone. Le NPD et le Bloc québécois favorisaient cette approche. Dans l’autre camp, au Parti libéral, on parlait surtout du mécanisme de taxation du carbone. Et en dehors du débat, le Parti conservateur jouait toujours à l’autruche en se gardant la tête sous les sables bitumineux de l’Alberta.
Il existe plusieurs analyses qui comparent les avantages et les inconvénients de chacun de ces systèmes proposés.
Le plus important désavantage de la proposition de taxe sur le carbone repose principalement sur des considérations politiques plutôt qu’économiques ou environnementales : le mot « taxe » est tabou quant on s’adresse à l’électorat.
Pourtant, dans un mécanisme comme dans l’autre, les consommateurs se retrouveront à payer en fin de compte que ce soit par une taxe sur les produits ou un coût marginal supplémentaire refilé par les entreprises. En effet, ce qui est visé par ces deux mécanismes, c’est de faire en sorte que les entreprises optent pour des moyens de production moins dommageables pour l’environnement, car cela leur permettrait d’offrir leurs produits à moindre coût aux consommateurs, donc à mieux se positionner économiquement sur le marché. La logique est que les gros pollueurs, s’ils ne s’ajustent pas, finiront par perdre du terrain sur le marché au profit des entreprises plus propres.
L’instauration d’une taxe sur le carbone a cependant certains avantages, notamment parce que ce mécanisme serait plus rapide à mettre en place et à gérer. En effet, c’est une vérité de La Palice que de dire que les gouvernements sont plutôt bons dans la mise en place et la gestion de taxes.
Je ne détiens pas la solution à ce débat entre ces deux types de mécanismes. Cependant, il n’en demeure pas moins qu’il est important de faire un choix le plus rapidement possible. Reste à voir maintenant comment le gouvernement conservateur va réagir à ce rapport.