La question de leadership évoquée à nouveau par le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, est de celles qui reviennent et reviendront toujours dans le dossier des langues officielles au Canada.
Pour le Parti conservateur (PC), dont les bases sont encore bien enracinées dans leur passé réformiste et allianciste, il s’agit bien d’une épine dans le pied. L’appui au principe canadien de bilinguisme et de dualité linguistique avait été un élément central des concessions faites par les dirigeants de l’Alliance canadienne lors de sa fusion avec le Parti progressiste conservateur. Depuis ce temps, on assiste à une valse constante de recherche d’appui populaire en dehors des bastions réformistes de l’Ouest canadien sans pour autant perdre ces appuis traditionnels plutôt réticents à reconnaître le fait français au Canada. Ces hésitations constantes font en sorte que les politiques avancées par le gouvernement conservateur ne constitueront probablement toujours que des compromis insatisfaisants pour tous.
Par contre, il faut absolument noter que durant les 40 ans de la politique canadienne de bilinguisme et de biculturalisme, c’est le Parti libéral du Canada (PLC) qui a été au pouvoir la majorité du temps. Ici, c’est une dynamique électorale différente qui explique la lenteur des progrès en matière de langues officielles. Le PLC a toujours bien fait en terme de vote populaire dans les communautés francophones et acadiennes. Ce vote garanti ne favorisait pas beaucoup les prises de position pro-francophones. À l’inverse du PC, le PLC cherchait plutôt à faire des gains dans l’Ouest, tout en maintenant ses bases électorales en Ontario.
Finalement, peu importe quel parti politique se retrouve au pouvoir, il y aura toujours un calcul politique qui expliquera ce manque de ferveur à se faire le champion du bilinguisme et de la dualité linguistique.