Se questionner sur le phénomène de l’itinérance, c’est beaucoup plus que de simplement souligner la pénurie de logements à prix abordable. La question de l’itinérance est effectivement très importante, mais elle n’est qu’un signe supplémentaire du phénomène de la pauvreté d’une bonne portion de la population du Nord.
La pauvreté et l’itinérance sont des phénomènes liés l’un à l’autre. Les mêmes causes (éducation, santé, abus, discrimination, etc.) expliquent tant la situation des personnes pauvres que des personnes sans-abris. Le phénomène de l’itinérance constitue parfois le signe très visible d’une société qui s’appauvrit. Malheureusement, il n’y a souvent qu’une mince différence entre un individu qui vit péniblement dans un état de pauvreté extrême et celui qui a abandonné la lutte et se retrouve à la rue.
Le problème tant de la pauvreté que de l’itinérance repose souvent sur une perception erronée qui culpabilise la victime. « C’est de leur faute! » « S’il buvaient pas comme des malades, ils seraient pas comme ça » « Ben qui se trouvent une job comme tout le monde » Vous avez probablement déjà entendu ces raisonnements et en avez peut-être même répétés ceux-ci.
Sans être fausses, ces accusations sont malheureusement souvent des généralisation à outrance qui ne servent finalement qu’à se déculpabiliser soi-même face à une situation sociale gênante. Oui il y a quelques individus dont l’alcoolisme explique leur situation. Est-ce qu’on ne s’attaquerait pas alors à la pauvreté et l’itinérance si on avait des meilleurs programmes de désintoxication? Est-ce que ces abus ont leur source dans un malaise personnel plus profond que des interventions professionnelles adéquates permettrait de résoudre? Même une fois sobres, ont-ils les outils ou les infrastructures pour redevenir des personnes autonomes financièrement?
Comme je l’ai mentionné il y a quelques semaines, la pauvreté est un problème qui nécessitera une stratégie globale et nécessairement dispendieuse.