Cette semaine je commente sur un sujet dont on ne traite pas dans le journal : la guerre de tranchées que livrent les conservateurs contre Radio-Canada. Depuis quelques semaines, le gouvernement conservateur tombe à bras raccourci contre la société d’État en les étiquetant de « média libéral ».
Ça fait des années que les députés du Reform Party, de l’Alliance canadienne et du parti conservateur s’acharnent sur l’un des joyaux des sociétés d’État. Non pas que la SRC-CBC soit sans blâme et sans reproche, mais il faut avouer qu’il n’y a pas de meilleure source d’information neutre en Amérique.
Que ce soit lors de l’invasion de l’Irak ou de l’Afghanistan, les médias américains et plusieurs médias privés canadiens se contentaient de simplement reprendre les communiqués officiels des services de guerre du gouvernement Bush. Seule Radio-Canada questionnait les sources et tentait de trouver des sources alternatives qui contredisaient parfois la position du gouvernement américain. Et oui, il n’y avait pas d’usine de fabrication d’armes de destruction massive en Irak, et l’invasion n’avait qu’un but : sécuriser l’approvisionnement en pétrole en provenance d’Irak tout en se défoulant un peu dans les suites de l’attaque de septembre 2001.
Nous avons une société d’État qui agit de façon neutre dans sa recherche d’information, sans se laisser influencer par son principal bailleur de fonds, le gouvernement lui-même. Personnellement, je trouve cela très rassurant. Croyez-vous vraiment que les services de nouvelles des réseaux privés sont autant libres d’une ingérence éditoriale des propriétaires?
Il ne fait aucun doute dans mon esprit que les riches magnats des médias privés ont un biais positif à l’égard du gouvernement conservateur, et que ce biais se transmet vers leurs services de nouvelles. Pour sa part, que ce soit lors du scandale libéral des commandites ou de ceux des excès militaires canadiens en Afghanistan, Radio-Canada s’est toujours montrée comme une source d’information neutre et non partisane pour les Canadiens.
Depuis son entrée au pouvoir, le premier ministre Harper a toujours exercé un contrôle quasi paranoïde sur les communications externes de son Cabinet. Ça doit donc le déranger de ne pas pouvoir contrôler la société d’État, qui ne se contente pas simplement de répéter ses propos.