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le Jeudi 24 juin 2010 16:59 Éditorial

Éditorial De faux rivaux à véritables alliés?

Éditorial De faux rivaux à véritables alliés?
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Il y a longtemps que le gouvernement territorial applique le vieux proverbe « Diviser pour régner ». En suivant ce principe, il fallait souvent répéter une rhétorique erronée selon laquelle les langues autochtones étaient en compétition avec la langue française. Et on entend encore parfois des remarques en ce sens lorsque vient le temps de parler de la langue française, de services en français ou de reconnaissance de la langue.

Je souligne que ce message est erroné car les langues autochtones ne sont pas en compétition avec la langue française.

Premièrement, dans l’Ouest et le Nord Canadien, les langues autochtones périssent non pas au profit de la langue française, mais bien en raison de l’assimilation à la langue anglaise, tout comme le français, par ailleurs.

Deuxièmement, les sommes accordées par le Conseil du Trésor pour soutenir les services en français aux TNO proviennent des budgets fédéraux d’appui aux langues officielles. Ces budgets sont bien étiquetés en tant que tel. Ils ne pourraient servir à construire une route au Manitoba ou à acheter un avion de chasse : ces argents doivent servir à la promotion des deux langues officielles du Canada.

Troisièmement, le gouvernement territorial a trop souvent pris en otage le français dans ses tractations avec le gouvernement fédéral quand venait le temps de négocier des sommes d’argent pour appuyer les langues autochtones du Nord. C’est à se demander ici si le gouvernement n’aurait pas plutôt avantage à harmoniser les relations entre les divers groupes linguistiques pour être en meilleure position de négociation avec le fédéral.

Il faut espérer maintenant que le message transmis par l’anthropologue Serge Bouchard devant plusieurs ministres responsables des langues officielles au Canada trouve écho dans les années à venir. Quand le ministre Lafferty indique que les francophones et les Autochtones devraient mettre leurs énergies en commun pour défendre leurs langues, il s’agit d’une intention qui saura peut-être changer toute la dynamique des langues officielles des TNO, en basant notre approche sur un respect mutuel, une harmonisation des relations entre les groupes et, surtout, l’établissement de démarches communes pour la valorisation des langues.