le Dimanche 6 juillet 2025
le Mercredi 30 juin 2010 16:22 Éditorial

Éditorial Quand l’idéologie l’emporte

Éditorial Quand l’idéologie l’emporte
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Au cours des derniers mois, j’ai trop souvent eu l’occasion de constater que le gouvernement fédéral n’agit pas du tout de façon pragmatique, mais bien en se campant dans son idéologie, peu importe si elle est en contradiction avec la réalité. En voici quelques exemples.

Le nouveau slogan « d’être plus dur envers les criminels » a servi de base à la réforme de certaines pratiques du système judiciaire. Au coût estimé de 1,5 milliard de dollars par le ministre de la Justice du Canada, le gouvernement a décidé d’aller de l’avant et de décréter que désormais, les juges ne pouvaient plus tenir compte du temps passé en prison en attendant le jugement par les personnes reconnues coupables d’un crime.

Malheureusement pour le gouvernement, si les juges appliquent cette règle, les estimations budgétaires sont plutôt de l’ordre de 5 milliards de dollars. Plus encore, le stress que subira le système d’incarcération avec la hausse prévue de prisonniers anéantira plusieurs décennies d’amélioration du taux de criminalité au Canada, réduisant les chances de réhabilitation de ces prisonniers. Heureusement pour nous, le système judiciaire va probablement compenser en partie les effets néfastes de cette nouvelle règle en ordonnant de moins lourdes peines. On l’espère.

Tout dernièrement, de nombreux économistes, dont le prix Nobel de l’économie de 2008, Paul Krugman, avertissaient les politiciens de faire attention et de ne pas se précipiter trop vite vers des mesures de restriction budgétaire. Selon cet expert, il y a de forts risques qu’une telle stratégie nous fasse passer d’une situation de récession économique à une importante dépression économique du même type que le crash de 1929. Évidemment, notre gouvernement, celui qui niait la présence d’une récession économique en 2008 (on est encore dedans) et qui clamait que le Canada n’irait pas vers un déficit (on a accusé un déficit record), a plutôt décidé de poursuivre dans sa démarche idéologique et a convaincu de nombreux autres gouvernements d’entamer la mise en œuvre de mesures de restrictions budgétaires.

À mon avis, il s’agit de deux cas éloquents où l’idéologie l’emporte sur la raison et qui ont des conséquences qui risquent d’être désastreuses.