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le Jeudi 17 novembre 2011 16:05 Éditorial

Éditorial Mo-opportunité

Éditorial Mo-opportunité
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Je n’avais jamais fait ça : me laisser pousser uniquement les poils de la moustache. Quelle drôle d’idée, quelle drôle de course! Car oui, c’est vraiment une course, tout ces hommes qui au premier Movembre ont décidé de se raser de près et de regarder pousser leur moustache pendant un mois. Pour eux, c’est l’occasion rêver de regarder si un tel est plus fourni qu’un autre après le même temps d’élevage. Je parle bien d’élevage ici, quand l’idée d’arborer moustache doit être, selon ma compréhension, accompagnée d’un soin attentif quotidien. Sinon ce n’est rien qu’une touffe de poil qui couronne les lèvres.

Tout fertilisé de cette conscience prostatique, j’ai demandé en français à mon médecin qu’il me renseigne sur les différents dépistages possibles de ce crabe masculin. Trop jeune, trop sportif, et quoi d’autre? Il m’a tout simplement dit que ce n’était pas encore nécessaire dans mon cas.

Bon! Qu’est ce que je peux faire alors? Continuer de regarder ce Mo Bro dans la glace tous les matins, et lui dire qu’il n’aura pas un mois de plus sur les 1000 qui m’ont été réservés; lui dire qu’il ne m’attendrira pas avec ce piquant sourire; que je ne faiblirai pas lorsque sonneront mes lames Wilkinson; que je ne serai pas ce héros glabre du livre d’Emmanuel Carrère, psychotique, au point de me trancher le cou, car personne ne croira que j’ai porté moustache.
Heureusement ou malheureusement, dans quelques jours je pourrai compter sur vous qui aurez vu cette photo portrait.

Dans les années futures, je pense que je donnerai à cette campagne de sensibilisation plutôt que de me faire la moustache. Même si je sais que donner c’est recevoir, j’en suis désormais au point où me raser c’est m’émouvoir.