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le Mercredi 20 juin 2012 13:41 Éditorial

Éditorial Des experts pas trop rassurants

Éditorial Des experts pas trop rassurants
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À la lecture de l’article en page 1 sur les poissons déformés, on pourrait être rassuré par les informations révélées par le scientifique d’Environnement Alberta. Moi je ne le suis pas du tout.
Le gouvernement du Canada a émis récemment des lignes directrices qui visent à limiter l’information que les scientifiques qui travaillent pour le gouvernement peuvent partager avec les médias. Désormais, les résultats des recherches que nos impôts payent ne seront plus disponibles, surtout si ces résultats vont à l’encontre de la philosophie du gouvernement fédéral qui vise à nier l’importance des répercussions environnementales de ses politiques et aussi celles de ses partenaires économiques, les grandes pétrolières.
Désormais, un scientifique du gouvernement fédéral qui se présente lors d’une conférence scientifique peut rendre public le résultat de ses recherches, mais ne pourra répondre aux questions des médias à ce sujet. La seule façon de rencontrer les médias sera dans le cadre d’une entrevue qui sera enregistrée par le service de communication. La seule façon pour les médias de contourner cette règle est de demander à d’autres scientifiques présents de poser les questions pertinentes aux scientifiques gouvernementaux.
Le gouvernement conservateur canadien a ses racines en Alberta, une province qui n’a pas une très bonne réputation en matière de protection environnementale. Je ne vois donc rien de très rassurant lorsqu’un scientifique employé par le gouvernement de l’Alberta nous incite à ne pas sauter aux conclusions : est-ce par respect du processus scientifique ou pour colmater une brèche dans la muraille antiécologiste que les deux gouvernements conservateurs tentent d’ériger entre les compagnies exploitant les sables bitumineux et le public canadien? Poser cette question soulève un doute certain.
Le problème, c’est que la population du nord de l’Alberta n’a plus de ressources vers lesquelles se tourner lorsqu’un doute surgit, les deux ministères de l’Environnement (Canada et Alberta) étant pour le moins suspects à nos yeux.
Or, la population des Territoires du Nord-Ouest se retrouvent en aval des opérations polluantes de l’exploitation des sables bitumineux. En effet, les cours d’eau se déversent vers le lac Athabasca qui ensuite se déverse dans la rivière Slave, un tributaire du Grand lac des Esclaves et du fleuve Mackenzie.
La seule bonne nouvelle, c’est que le gouvernement fédéral va augmenter sa surveillance des cours d’eau dans le Nord, mais encore faut-il espérer que les résultats de ces recherches soient rendus publics même s’ils portent ombrage à la réputation de l’exploitation des sables bitumineux. On peut toujours espérer…