On regarde souvent d’un œil distrait les récits de calamités qui se produisent sous d’autres cieux. C’est pas mal différent quand cela se produit dans notre pays (les inondations du sud de l’Alberta) ou encore près de notre ville natale (la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic).
Il y a une forme de justice poétique que le centre névralgique de la prise décisionnelle des grandes compagnies pétrolières (Calgary) soit victime d’un phénomène climatique probablement lié au réchauffement planétaire. On sait cependant que ce seront les contribuables canadiens qui vont payer la note pour aider les pauvres entreprises pétrolières touchées par les inondations. Leurs profits de l’année ne devraient pas en être affectés.
C’est moins drôle lorsque les victimes de notre soif énergétique n’ont que très peu d’impact sur le drame qui les frappe. Oui, les habitants de Lac-Mégantic utilisent des produits pétroliers. Ils ne s’attendaient cependant pas à ce qu’une compagnie qui surveillait de trop près ses dépenses ne devienne responsable d’une telle tuerie et de tant de destruction. Quand ces dizaines de wagons ont explosé, ils ont enlevé la vie à près d’une cinquantaine de fêtards qui étaient occupés à simplement s’amuser en cette belle soirée de juillet. La catastrophe a aussi anéanti une bonne partie du centre-ville de cette petite localité.
Cette voie ferrée sera certainement fermée pendant quelques semaines. La population de Lac-Mégantic espère probablement qu’elle soit simplement abandonnée, car le choc émotionnel sera ancré encore de nombreuses années. On se doute que le pétrole se rend vers le Nouveau-Brunswick par une autre voie, mais on peut penser que la marge de profit sera un peu moindre cette année et dans les années futures si les gouvernements agissent pour éviter que ne se répète une telle tragédie.
Les compagnies pétrolières et ferroviaires sont plutôt tranquilles en ce moment, mais parions qu’elles sortiront de leur mutisme dès que des changements réglementaires seront suggérés pour s’assurer que de tels drames ne se répètent pas. Malheureusement, ce seront leurs voix qui seront entendues.
Éditorial Histoire de drames et de profits
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