Lorsque quelqu’un nous quitte de façon aussi définitive que François Thibault l’a fait la semaine dernière, on ne peut s’empêcher de ressasser les souvenirs. Deux choses me manqueront de cet homme simple et compliqué à la fois.
D’une part, il y a son sens de l’humour (et son rire bien présent). Que ce soit dans un élan d’autodérision en riant d’un de nos petits défauts ou parce qu’il a trouvé une belle image colorée (et il en avait des tonnes, ce François), on était certains d’entendre T-Bo rire de bon cœur si on décidait d’arrêter à son magasin-atelier. Il avait toujours quelques minutes qu’il pouvait mettre à notre disposition si on prenait nous-mêmes le temps d’aller lui parler.
Puis, il y a sa vigueur artistique qui l’a accompagné pendant plus de 32 ans. Ce n’est jamais évident de vivre de son art et François en a certes arraché pendant cette longue période. Il devait produire énormément de pièces miniatures en ivoire à ses débuts pour vendre aux touristes, malgré tous ses autres projets. Cette production aux visées mercantiles était ce qui lui permettait de boucler la boucle et même, de son aveu, de se nourrir. Il te montre une petite pièce en vente et il te dit : « C’est beau et ça te permet de manger… comme une femme. » Ce n’est probablement pas politiquement correct, mais son rire franc et désarmant nous permettait de rire de bon cœur avec lui de ces nombreuses petites perles dont son discours était serti.
Certains l’ignoraient, mais François avait de la misère à dormir, résultat, ses médecins croyaient, des séquelles neurologiques de son accident de 1982. C’est probablement la raison pour laquelle il s’enfermait parfois des nuits entières dans son atelier pour répondre à une commande urgente. C’est peut-être aussi un peu la raison pour laquelle il avait tant d’idées sur plein de sujets dans la communauté, que ce soit son idée pour un centre d’arts ou celle du financement des arts.
François, un être coloré, empli d’idées et de rêves qu’il nous communique avec humour, un être tout aussi compliqué et logique que cette petite phrase que je sculpte pour lui, nous manquera beaucoup. À la prochaine!
Éditorial Un rire qui me manquera
Éditorial Un rire qui me manquera
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