Elle aura beau se plaindre de la taille de son bureau, que ses ressources sont limitées ou qu’il lui faut plus de personnel, il est tout à fait scabreux que la commissaire aux langues officielles des TNO, Snookie Catholique, n’ait, pour l’essentiel, rien fait durant le premier quart de son mandat de quatre ans.
La loi sur les langues des TNO a ceci de particulier : elle vise au premier chef le gouvernement et son appareil. Cette loi édicte les responsabilités de l’État envers ses minorités de langues officielles, notamment son devoir de servir ses citoyens dans la langue de leur préférence. Dans ce contexte, le Commissariat aux langues joue un rôle essentiel, celui de tenir le gouvernement responsable de ces actes, de s’assurer qu’il obéit à sa Loi.
Ce bureau est sensé être là pour protéger le citoyen et assurer un premier recours aux Ténois lorsque le gouvernement bafoue leurs droits linguistiques. Sa fonction première est de recevoir les plaintes du public en matière de langues officielles et de faire enquête. Or, de l’aveu même de la commissaire, avant qu’un citoyen excédé ne dénonce cette incurie, une douzaine (!) de plaintes non traitées prenaient la poussière sur son bureau… ou plutôt ses boîtes, car, selon la délirante version officielle, il semble que les dix premiers mois du mandat de Snookie Catholique aient été consacrés à déménager.
Puisqu’il est au service du citoyen, il est essentiel que ce bureau soit accessible. Il l’était quand il était sis au premier plancher en plein centre-ville de la capitale et que son site web était à jour et disponibles dans les langues officielles du territoire. Désormais, la commissaire juge préférable de se cacher dans une tour dont l’adresse n’est même pas publiée sur son site web, lequel est désormais unilingue anglais et en piteux état. C’est à croire qu’elle préfère ne pas être dérangés par tous ces geignards qui ont l’outrecuidance de faire valoir leurs droits.
Mais d’ailleurs, pourquoi iraient-ils la voir? Non seulement le citoyen n’a aucune façon de savoir où s’adresser quand ses droits sont piétinés, il est en plus de notoriété publique que la personne qui occupe cette fonction ne fait pas son travail.
Cela fait longtemps que la crédibilité de cette institution pourtant essentielle a été entachée. En 2006, la Cour suprême territoriale avait trouvé le Commissariat aux langues en violation de la Loi sur les langues, celle-là même qu’il est sensé défendre.
Sous Shannon Gullberg, le bureau avait tenté de racheter sa réputation en faisant montre d’un certains zèle que nous avons apprécié. Durant la dernière moitié de son mandat, Mme Gullberg avait pris l’initiative de mener des enquêtes de son propre chef, notamment en matière de soin de santé. On n’en attendait pas moins.
Puis, sous Sarah Jerôme, ce genre d’initiatives louables a été abandonné. Celle qui a décidé que son poste devait être à temps partiel ne semblait pas bien comprendre son rôle. Dans son premier rapport officiel, Mme Jérôme avait même poussé l’absurde jusqu’à appuyer une impraticable politique linguistique proposée par des députés d’opposition qui comprenait, entre autres, l’abolition de son propre poste.
Avec la nomination de Snookie Catholique en novembre 2013, dont la réputation de journaliste frondeuse et fouille-merde est amplement méritée, nous avions bon espoir qu’une nouvelle ère d’investigation s’ouvrait au Commissariat. Nous avons manifestement eu tort d’abaisser notre garde.
La confiance est rompue.