On parle beaucoup de démocratie et de droit à l’information en cette période de campagne électorale. C’est tout à fait normal.
Depuis des années, il se fait grand cas des coupes à Radio-Canada et de l’impact que ces compressions peuvent avoir sur la qualité de l’information reçue par les Canadiens. En effet, la société d’État est notre garant d’un droit à une information neutre et sans attache à un groupe d’intérêt particulier.
Qu’on le veuille ou non, si les seuls médias existants n’étaient que la propriété de personnes ou d’organisations richissimes, on ne pourrait jouir de la même information neutre. Il y aurait une ligne directrice claire au sein des salles de nouvelles afin de favoriser les nouvelles appuyant le statu quo, comme c’est malheureusement le cas aux États-Unis. Lors des grandes crises mondiales dans lesquelles pataugeaient allègrement l’armée américaine, plusieurs Américains affirmaient que leur meilleure source d’information qui ne faisait pas que répéter les communiqués de l’armée et de la CIA était le réseau CBC Newsworld.
Au Canada, à défaut de courir le risque de se couvrir de ridicule, les réseaux privés se doivent d’adopter une ligne plus neutre face à l’information. S’ils ne le faisaient pas, ces réseaux perdraient de leur crédibilité au profit du réseau d’état.
Il y a une autre attaque en ce moment contre le droit à l’information, surtout dans les petites communautés de langues officielles en milieu minoritaire. En prenant la décision de centrer ses campagnes promotionnelles vers Internet, le gouvernement fédéral a pratiquement démoli quelques journaux francophones hors Québec, surtout les journaux provinciaux.
En effet, certains de ces journaux ont les genoux à terre en ce moment. Dans certains cas, les revenus de vente de publicité au gouvernement fédéral représentaient une grande majorité de leurs revenus. Or, au cours des quatre dernières années, ces revenus ont chuté de 75 % dans certains cas, obligeant des réaménagements importants à la baisse pour ces journaux. Quantité et qualité de l’information en souffrent!
La survie de ces journaux communautaires est importante pour la communauté, surtout si elle croit à l’importance d’une couverture journalistique professionnelle de ses activités. Il faut aussi reconnaître que pour une tranche de la population plus âgée, Internet n’est pas une option dans leur quête d’information. Le journal local reste souvent leur source principale d’information.
On peut maintenant comprendre pourquoi la Société acadienne de la Nouvelle-Écosse part à la défense de son seul journal provincial francophone. L’exercice pourrait être répété aussi dans bien des provinces.
Éditorial Le droit à l’information
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