C’est pas tout le monde qui a le pouce vert et j’en suis le parfait exemple. Laissez-moi des plantes d’intérieur et, sans faire d’efforts, je vais les faire mourir en dedans d’une saison, mais c’est plus long pour les cactus. Par contre, laissez-moi un petit lopin de terre meuble et j’aurai rapidement des carottes, des pois, des oignons ou des fèves qui pousseront rapidement. Un des thèmes de la nouvelle Charte alimentaire de Yellowknife est justement de sensibiliser et d’inciter les citoyens à prendre en charge la production maraîchère pour eux et leur famille.
Il y a quelques années, Caroline Lafontaine pilotait des projets d’implantation de jardins communautaires dans certains villages dénés. Je ne connais pas le niveau de succès, pour ce qui est du nombre de villageois qui s’adonnent à la culture maraîchère, mais je me souviens à quel point cette notion est étrangère aux membres de la famille de mon épouse.
Leur intérêt est évident et lorsque je brague de mes pouces verts, ils ont beaucoup de questions. Mais l’acte ne suit pas la parole.
Le plus étonnant, c’est qu’ils ont aussi l’habitude de travailler fort pour aller chercher leurs aliments. Ils vont parcourir plusieurs kilomètres pour se trouver un orignal ou un caribou, mais ce n’est pas le plus gros du boulot. Lorsque l’animal est abattu, ils n’hésiteront pas à le découper sur place puis à refaire tous ces kilomètres, mais chargés de plusieurs dizaines de kilos de viande.
Pourtant, quand vient le temps de penser à partir un jardin, une tâche somme toute légère, c’est plus difficile.
Je crois simplement que mes origines font en sorte que faire pousser des choses est seconde nature dans ma famille. Mon père et ma mère sont tous deux nés sur des fermes et on a toujours eu des jardins.
Plusieurs Dénés vivent dans des conditions socio-économiques ardues et constituent une tranche de la population qui bénéficierait beaucoup de la culture maraîchère pour nourrir leur famille. Ce qu’il faut, c’est de faire encore beaucoup de promotion et de continuer ces projets pilotes dans les villages dénés.
Après quelques années, il y a des chances que cette habitude soit bien installée et que de faire un jardin vienne tout naturellement. Ils auront fait un pas de plus vers une certaine autonomie alimentaire.
Éditorial Une habitude à prendre
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