Quelques représentants des médias minoritaires canadiens ont comparu devant le comité permanent de Patrimoine canadien. Le constat est le même partout au pays : les dernières années ont été difficiles pour les journaux et les radios de la minorité.
Au cours des dernières années, j’ai vu deux hebdomadaires de la minorité francophone cesser leur publication. Il y a eu l’Express d’Ottawa et l’Eau vive de la Saskatchewan. Ce dernier journal a republié un numéro la semaine dernière. Les chiffres ne mentent pas : plusieurs journaux ont vu leurs revenus de publicité baisser des trois-quart.
L’Aquilon n’échappe pas à cette dure réalité. Nous avons longtemps fonctionné à trois employés. Nous sommes maintenant deux et la marge de manœuvre est presque inexistante. Lors des dernières années, L’Aquilon a appuyé financièrement Radio Taïga, mais comme les revenus continuent de descendre, cela ne sera plus possible. C’est donc dire que nous non plus, on n’échappe pas au phénomène.
Les journaux et les radios ne forment pas un bloc monolithique où tous sont pareils. Certains médias œuvrent dans des communautés où la francophonie est très nombreuse, parfois même majoritaire dans leur région. On pense à des communautés francophones comme celle de Hearst (Ont.) ou de Bathurst (N.-B.). D’autres, comme nous, desservent une communauté qui dépasse à peine le millier.
Il y a aussi des journaux qui visent une municipalité ou une région, et d’autres dont le public s’étend sur toute une province ou tout un territoire. Les finances dictent à quel point la couverture peut-être efficace partout sur un grand territoire et les dépenses en frais de livraison peuvent être très onéreuses.
Mais il y a une caractéristique commune à plusieurs de ces médias : ce sont souvent les seuls qui peuvent offrir une couverture journalistique en français, non seulement de la francophonie, mais de la société d’accueil dans son ensemble. Ce sont les seuls qui offrent une tribune aux francophones et qui reflètent leur situation. On aura beau faire de la promotion d’activités sur Facebook ou Twitter, la communauté a besoin d’un regard neutre et professionnel sur les dossiers de la francophonie. Le reste, c’est de la promotion corporative vide d’esprit critique, une affiche sur un poteau de téléphone virtuel qui en a vu bien d’autres.
Lorsque l’Eau vive de la Saskatchewan a cessé de publier, la communauté s’est serré les coudes, réalisant que la vitalité de leur média reflétait aussi leur propre vitalité. Les milliers de Fransaskois et les nombreux organismes francophones ont défendu leur journal, mais le budget est toujours trop bas.
C’est la raison pour laquelle les représentants des médias demandent au gouvernement d’agir, et d’agir vite. Le temps presse.
Éditorial Le temps presse
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