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le Jeudi 31 mars 2016 19:59 Éditorial

Éditorial Est-ce qu’on peut critiquer sa culture?

Éditorial Est-ce qu’on peut critiquer sa culture?
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C’est un véritable sujet de philosophie et tout de go, je réponds qu’il n’y a pas meilleur détracteur que celui qui connait sa propre culture. Allez-y donc, vargez sur la culture des mangas nippons ou du two-step saskatchewannais, et on vous traitera de raciste, que vous portez votre culture sur un piédestal et que vous êtes ethnocentrique.
Alors, qu’un artiste francophone du Nord se questionne et taquine les organisations communautaires sur la place ostentatoire du sirop d’érable dans nos événements culturels est une démarche bénéfique. Cette critique peut faire avancer la représentation culturelle francophone dans nos contrées nordiques, à savoir si nous réduisons ou non nos efforts à stimuler qu’une partie de notre culture, celle qui se rapproche de notre patrimoine, de notre folklore. Cette folklorisation a pour avantage d’être une source de revenus non négligeable pour ces organismes à but non lucratif. L’activité de cabane à sucre organisée dans le cadre du Festival du Snowking doublée de trois jours de tire sur neige dans l’enceinte du Long John Jamboree a surement rapporté plus de 10 000 $ de revenus à l’Association franco-culturelle de Yellowknife.
Dans un budget fédéral 2016, où 1,9 milliard de dollars sont dirigés vers l’art et la culture sur cinq ans, il faut reconnaitre qu’Ottawa identifie ce secteur comme un stimulant de la croissance économique. Pour stimuler cette croissance, il faut innover. Pour innover, il faut se remettre en question. C’est ce que Rousseau appelait la perfectibilité. Cette capacité de faire usage de sa raison et de développer des techniques, pour aller plus loin. Alors maintenant que l’on s’est bien édulcoré le gosier (c’est quand même le temps des sucres) on pourrait trouver de nouvelles façons de présenter la culture, même traditionnelle. Pourquoi pas des expressions loquaces inscrites sur les bâtonnets ou une tirade récitée pour chaque morceau de tire?
Transgressant d’autres cultures, je me vois bien Écossais et servir des verres de whisky affublés des poèmes de Robert Louis Stevenson, ou Américain et livrer des contenants de fastfood imprimés des écrits de Jack London.