Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu la neige craquer ainsi. À Montréal, c’est surtout de la glace qui se brise ou de la slush qui s’écrase sous mes pas. Durant 6 ans, j’ai un peu oublié que je n’étais pas une fille de la ville. J’ai pourtant grandi dans ma cabane en bois, en m’imaginant que j’étais une enfant perdue dans ma grande forêt, que je connais encore par cœur.
Un jour, c’est dans l’immense jungle de béton gris que je suis allée me perdre, dans les centaines de festivals, de spectacles, de restaurants aux milles couleurs et saveurs, entre mes amis de toujours et ceux des quatre coins de la planète. Puis, il y a un moment où les lumières de la ville brillent un peu moins quand on commence à s’oublier.
Au départ, ça faisait peur de mettre les pieds au 60e parallèle; surtout aux personnes autour de moi, je crois. J’ai quand même décidé de plonger dans 9 mois d’improbabilités et d’aller retrouver un morceau de moi. Et la nordicité m’a conquise. À Fort Smith, je suis les traces des bisons, des lagopèdes et les migrations des pélicans, je carbure aux grondements de la rivière et aux puissantes aurores boréales. C’est une communauté inspirante qui m’apprend à prendre mon temps et m’invite à vivre ses richesses culturelles. Bientôt, la neige croustillante fera place à la même slush qu’à Montréal, où je retournerai, mon sac de voyage rempli de moi, d’eux et des TNO.