Il y a quelque chose de surréel à écouter la Fédération franco-ténoise, ce champion historique de la cause francophone aux TNO, admonester les Francos parce qu’ils seraient trop timides à demander les services gouvernementaux dans leur langue.
Étonnant, de voir cet organisme qui a tant lutté pour faire reconnaitre la responsabilité de l’État dans la prestation des services en français se retourner aujourd’hui vers le citoyen pour l’intimer, lui, de faire un peu plus d’effort.
La FFT annonce, par ailleurs, son intention d’engager une partie de ses subsides dans une campagne de relations publiques pour encourager la demande active de services en français. Ce genre d’activité promotionnelle, il nous semble, devrait plutôt incomber au pourvoyeur de services qu’au bénéficiaire.
Les Franco-Ténois en ont fait bien amplement, des efforts. Ce sont eux qui ont mobilisé l’appareil judiciaire pour que leurs droits et la responsabilité de l’État envers ceux-ci soient clairement établis. Ce sont eux qui, pendant des décennies, ont dû renoncer à leur culture et à leurs valeurs, simplement pour être servi par leur gouvernement. Et, à l’heure où ces sacrifices portent finalement fruit, ce serait encore à eux, il faut croire, de faire l’effort d’enquiquiner les comptoirs de l’État jusqu’à ce que le service qui, suivant la politique du gouvernement, aurait pourtant dû leur être offert activement, soit finalement accessible.
Selon la firme engagée par le GTNO pour évaluer la mise en œuvre de sa politique de communications et de services en français, les services ne sont pas offerts une fois sur trois. Voilà, il nous semble, bien plus que l’attitude timorée du citoyen de langue française, le véritable maillon faible de la chaine de communications. Quoi qu’en implore l’affichette du guichet, il est évident que les citoyens qui se sont fait refuser le service vont cesser de le demander.
Plutôt que d’embrigader les francophones à aller se faire dire « No, sorry », il vaudrait mieux redoubler d’efforts pour que le gouvernement leur réponde « oui, avec plaisir ».