Alors que ces lignes sont écrites, une rencontre d’information devant faire le point sur le projet de centre communautaire (ou culturel?, on ne sait plus trop) francoténois n’a pas encore eu lieu. Elle doit se tenir sur l’incontournable plateforme de vidéoconférence Zoom, le jeudi 8 octobre, en soirée, soit la veille de la date de publication de ce journal, mais après son impression. Selon nos informations, on devrait y annoncer que l’option d’acquérir un terrain au centre-ville de Yellowknife a été écartée et que l’on compte plutôt bâtir un nouvel édifice sur le site de l’actuelle Maison Laurent-Leroux, mieux connue par son surnom de « Maison Bleue ». C’est bien sûr là que sont situés les locaux de ce journal, et c’est un peu de cette manière que nous pouvons anticiper le choix du comité.
Ce dossier du centre culturel est à la fois un rêve et un cauchemar pour notre communauté. Un cauchemar récurrent. Longtemps espéré, souvent abandonné, cela fait plusieurs décennies que la francophonie ténoise a pour projet de se doter d’une telle institution, mais le parcours est semé d’embuches. Depuis les années 1990, quatre tentatives distinctes de créer un tel espace ont été mises de l’avant; et par trois fois nous avons échoué.
Ce n’est pas non plus un caprice. Nous sommes la seule communauté francophone de tout le Canada qui n’a pas son lieu de rassemblement. Difficile de réprimer une pointe d’envie, lorsque l’on constate que des communautés moins nombreuses que la nôtre, que ce soit au Nunavut ou à Plamondon, en Alberta, disposent d’installations communautaires bien plus spacieuses, capables d’accueillir des concerts, par exemple.
Il est depuis longtemps établi et compris des bailleurs de fonds fédéraux que les communautés linguistiques en situation minoritaire ont besoin de tels lieux pour permettre leur épanouissement culturel, des endroits où l’on peut être en contact avec sa culture et être libre de la pratiquer sans jugement — un safespace, dirait-on aujourd’hui.
Or, comme l’a mis en garde la Fédération franco-ténoise dès le début du présent processus, cette quatrième tentative est probablement la dernière dont nous disposons. Le projet ne peut plus retourner à la case départ. Il va falloir se brancher.
S’il est nécessaire de faire des compromis et de retenir une option à la mesure de nos moyens limités, il y a tout de même des barèmes minimaux à atteindre, sinon à quoi bon ? On ne va tout de même pas bâtir pour bâtir.
Bien loger nos organismes communautaires est important, mais ça ne devrait pas être le principal leitmotiv de l’entreprise. Le centre culturel francoténois doit d’abord et avant tout être un endroit où les Francoténois peuvent se rassembler et accueillir, et, bien entendu, un lieu de diffusion culturelle. Un projet où la communauté et la culture seraient reléguées à un corridor, comme celui présenté en février dernier, ne répond ni aux attentes de la communauté, ni n’assure son épanouissement.